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Catastrophes climatiques : un temps de retard
Durée : 01:36

Edifiant et parfois inquiétant. En décortiquant avec minutie les moyens mis en œuvre par les autorités publiques pour faire face aux catastrophes météorologiques qui ont frappé la France ­depuis 1999 (Lothar et Martin en 1999, Xynthia en 2010, Irma en 2017), ce numéro de « Cellule de crise » pointe du doigt de nombreuses défaillances : informations transmises trop tardivement, systèmes d’alertes inadaptés et circuits de communication inefficaces. Les capacités d’intervention d’EDF de Météo France, mais aussi de la sécurité civile, des préfets, des maires, sans oublier les réactions parfois incompréhensibles des habitants menacés : toutes ces composantes se mêlent lors de ces drames qui provoquent morts, destructions et désolation.

Depuis près de vingt ans, des progrès ont heureusement été réalisés dans l’efficacité des secours. Mais comme l’a montré le drame qui a frappé Saint-Barthélemy et Saint-Martin, dans les Antilles, en septembre, il reste encore beaucoup de points à améliorer.

« Catastrophes climatiques : un temps de retard », de Nolwenn Le Fustec : lors de la tempête Cynthia en février 2010. / © BRAINWORKS

Le 26 décembre 1999, la tempête du siècle frappe la France par surprise. De nombreux témoignages d’ingénieurs d’EDF et de Météo France ayant eu à gérer cette catastrophe permettent de mieux comprendre les failles d’un système, qui n’avait pas mesuré avec assez de précision la violence des intempéries. Cinquante-trois personnes trouveront la mort, le plus souvent écrasées par des chutes d’arbres, de toits, de cheminées, ou noyées dans le Sud-Ouest. Le 27 décembre, 10 millions de foyers sont privés d’électricité. Se pose alors la question de la solidité du système électrique, qui, question de gros sous, est aérien et non enfoui sous terre. Aujourd’hui, la moitié du réseau basse et moyenne tension est enterré, contre 80 % en Allemagne et 100 % aux Pays-Bas.

Le temps passe, certaines erreurs sont réparées mais d’autres persistent. Personne, par exemple, n’avait prévu la fragilité des digues qui, en février 2010, céderont devant la violence de Xynthia. A l’époque, les autorités se trompent sur la nature du danger principal, en demandant aux populations de se protéger des vents violents, mais pas des inondations. Les témoignages de pompiers envoyés en catastrophe à La Faute-sur-Mer sont terrifiants : manque d’informations, de moyens de secours, de pos­sibilités de communiquer. Quarante-sept personnes sont mortes, dont vingt-neuf noyées à La Faute-sur-Mer.

Catastrophes climatiques : un temps de retard - Teaser
Durée : 02:51

Historiquement, la France sous-estime les risques d’inondation, d’où des permis de construire accordés dans des zones où ils ne devraient pas l’être. Mais là, on se heurte à de gros enjeux financiers : pour les élus locaux, les zones déclarées inondables, et donc non constructibles, équivalent à d’importantes pertes d’argent.

Chaque catastrophe est unique, mais les défaillances doivent alerter : pourquoi les systèmes de communication entre sécurité civile, armée, préfecture ont-ils été si peu performants ? Pourquoi le centre d’appels d’urgence était-il en sous-effectif en 2010 ? Pourquoi des habitants, prévenus du danger, ont-ils refusé de quitter leur maison dans les Antilles ? D’autres questions se posent toujours aujourd’hui, dont celle des zones constructibles. En pointant du doigt certains retards dans l’organisation des secours ou la complexité des relations entre les différents protagonistes, cette enquête pose de bonnes questions. Avant la prochaine catastrophe.

Catastrophes climatiques : un temps de retard, de Nolwenn Le Fustec (France, 2017, 85 min).