Le président Donald Trump aux côtés de Navajos, lors d’une cérémonie d’hommage à la Maison Blanche le 27 novembre. / KEVIN LAMARQUE / REUTERS

La réception devait être consensuelle. Donald Trump recevait à la Maison Blanche, lundi 27 novembre, trois des treize Navajos encore vivants qui avaient mis leur dialecte au service de l’armée américaine pendant la Seconde guerre mondiale. Un code de communication que les ennemis des États-Unis n’avaient pas été en mesure de déchiffrer. Le président des États-Unis est pourtant parvenu à gâcher l’hommage en ravivant les critiques qu’il nourrit de longue date contre la sénatrice démocrate du Massachusetts, Elizabeth Warren.

S’adressant à ses visiteurs à la suite de leur porte-parole, M. Trump a tout d’abord annoncé qu’il renonçait à son propre discours, parce que l’essentiel avait déjà été dit selon lui. « Vous étiez ici longtemps avant nous, a-t-il ajouté, même si nous avons une représentante au Congrès qui est – disent-ils – là depuis longtemps. Ils l’appellent Pocahontas. » C’est en fait le président des États-Unis, alors candidat à l’élection présidentielle, qui a donné le premier ce nom à cette figure de l’aile gauche démocrate.

Lors de la campagne sénatoriale de 2012, l’adversaire républicain d’Elizabeth Warren avait mis en doute d’anciennes attaches cherokees revendiquées par cette dernière, dont une fois dans un document officiel après ses études de droit. En utilisant pour la désigner une figure amérindienne liée aux premiers colons britanniques dont la vie a inspiré, le plus souvent très librement, de nombreuses œuvres artistiques, M. Trump avait fait l’étalage de sa méconnaissance de l’histoire américaine puisque Pocahontas appartenait à la confédération Powhatan.

Silence gêné

Il avait ajouté plus tard : « C’est l’une des personnes les moins productives du Sénat, on ne l’appelle pas Pocahontas sans raison », ce qui pouvait difficilement apparaître comme un éloge des Amérindiens. L’intéressée ayant immédiatement dénoncé une « injure raciste », la porte-parole du président, Sarah Sanders, a nié toute intention raciste et accusé en retour la sénatrice d’avoir menti sur ses origines pour « promouvoir sa carrière » et la presse de complaisance.

Cette nouvelle évocation a été accueillie par un silence gêné des Navajos présents lundi à la Maison Blanche. Le hasard les avait placés de surcroît à proximité du portrait du président Andrew Jackson (1829-1837) que Donald Trump a tenu à accrocher dans le bureau Ovale. Un président connu pour son dédain des élites, mais aussi pour avoir chassé à l’ouest du Mississippi des milliers d’Amérindiens au terme d’une marche forcée meurtrière passée dans l’histoire comme la « Piste des larmes ».