L’objectif de Benoît Hamon est clair : donner un nouveau départ au Mouvement du 1er juillet, cinq mois pile après sa naissance. Les « hamonistes » se réunissent donc le 2 décembre au Palais des congrès du Mans pour la « journée de fondation » de leur organisation. Quelque 1 400 personnes sont attendues. Soit à peu près le même nombre que les « insoumis », réunis une semaine auparavant à Clermont-Ferrand, pour leur convention définissant les campagnes prioritaires de la formation de Jean-Luc Mélenchon.

Après une rentrée en demi-teinte, M. Hamon a essayé de rebondir en étant présent dans les mouvements sociaux contre la réforme du code du travail et en intervenant sur les sujets environnementaux comme l’interdiction du glyphosate. Ses soutiens restés à l’intérieur du Parti socialiste quittent peu à peu la rue de Solférino pour le rejoindre. Et les « hamonistes » restés au PS tentent d’abattre leurs dernières cartes lors du congrès de 2018 en contribuant à l’élection de Luc Carvounas comme premier secrétaire socialiste. Ce dernier, pourtant ancien lieutenant de Manuel Valls, a été loyal avec M. Hamon durant la campagne présidentielle. Depuis, les deux hommes n’ont jamais rompu le lien.

Feuille de route

Enfin, les relations avec Jean-Luc Mélenchon se sont réchauffées. Depuis la participation de Benoît Hamon à la « marche contre le coup d’Etat social » organisée par M. Mélenchon le 23 septembre, les deux anciens candidats à la présidentielle assurent qu’une entente est nécessaire pour faire face à Emmanuel Macron et à sa politique. Les deux ex-socialistes se parlent et ont « des relations apaisées ». Le défi pour Benoît Hamon sera donc de faire exister son mouvement à côté de La France insoumise (LFI) qui peut s’appuyer sur un bon score à l’élection présidentielle (19,6 % des suffrages, contre 6,36 % pour Benoît Hamon), un groupe parlementaire de 17 députés, d’un réseau de « groupes d’action » (les cellules de base de LFI) qui maillent le territoire national et d’une surface médiatique importante.

Mais ces considérations tactiques et stratégiques ne figureront pas au menu de la réunion du Mans. En revanche, plusieurs nouveautés seront annoncées. D’abord, un nouveau nom doit être dévoilé, tout comme un nouveau site Internet. Les structures de direction − coordination politique et conseil des adhérents − seront également présentées et une feuille de route définie.

Des soutiens politiques devraient aussi faire leur apparition dans les travées du Palais des congrès. Benoît Hamon travaille avec beaucoup d’écologistes comme Noël Mamère et Yves Contassot ou encore Yannick Jadot avec qui les relations sont tumultueuses et changeantes. Cependant, il ne faut pas s’attendre à des annonces de ralliements tonitruants. M. Hamon assure ne pas être « obsédé par l’idée de faire des prises de guerre en ralliant telle ou tel ». « Nous voulons surtout faire émerger des personnalités nouvelles », expliquait-il ainsi dans un entretien au Monde, le 26 octobre.

Une « charte fondatrice », qui définit les principes et les éléments principaux de la stratégie, sera également dévoilée. L’ambition de M. Hamon et de ses amis est de construire un mouvement « horizontal et démocratique » où la parole est libre, et qui est ouvert sur la société civile. Comme d’autres, Benoît Hamon cherche encore la formule idéale pour forger une nouvelle gauche.