Pause déjeuner à l’université Toulouse-II Jean-Jaurès. / CC by 2.0 Wikimedia Commons

L’université du Mirail Toulouse-II Jean-Jaurès, doit se prononcer lors d’un conseil d’administration, mardi 12 décembre, sur sa participation au projet « Université de Toulouse », qui prévoit sa fusion avec trois autres établissements. Le vote a été délocalisé au rectorat après que l’intersyndicale a décidé d’une journée de mobilisation contre ce projet.

Le projet a été rejeté par les étudiants et personnels de l’université, lors d’une consultation organisée les 6 et 7 décembre. Les 15 % d’étudiants participants – soit un taux de participation deux fois supérieur à celui des consultations étudiantes habituelles – se sont prononcés à 94 % contre ce projet. Il en est de même pour les personnels de l’université, dont 53 % ont voté, et qui se sont prononcés à 62 % contre.

Crainte d’un « millefeuille administratif »

Le projet d’une « Université de Toulouse » vise à créer un grand pôle universitaire pluridisciplinaire. Il associe Toulouse-II, à dominante sciences humaines et sociales, à l’université Toulouse-III Paul-Sabatier, tournée, elle, vers les sciences et qui s’est prononcée en faveur du projet le 5 décembre, ainsi qu’aux écoles d’ingénieurs de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) et de l’Institut national de polytechnique de Toulouse (INPT) appelés à se prononcer dans les prochains jours.

Le projet vise à obtenir de nouveau le label « Initiative d’excellence » (IDEX), obtenu en 2013 et retiré après une période probatoire, et d’ainsi retrouver les 20 millions à 30 millions d’euros de subventions annuelles associés.

Les personnels et étudiants de Toulouse-II dénoncent « une forte atteinte à la démocratie universitaire », explique Hervé Petit, du syndicat FSU. Si on fusionne les établissements, il y aura moins de membres pour les représenter dans les instances de décision puisqu’il faudra mutualiser et réduire les coûts. Alors que c’est là que sont prises les décisions importantes, comme le budget ou les conditions de travail. » Ils craignent également un « millefeuille administratif » qui empêcherait le bon fonctionnement de l’université.

Quant aux 20 millions à 30 millions de budget supplémentaire associés au label, « rapportés aux 170 millions de budget annuel de notre université, cela ne représente pas grand-chose », estime M. Petit, qui doute que les sciences humaines et sociales parviennent à peser face aux sciences dures pour l’obtention de ces crédits.

Communication pas adéquate

« L’IDEX est avant tout un moyen de faire partie d’une dynamique plus globale qui peut nous permettre de nous désenclaver », répond le président de l’université, Daniel Lacroix, qui craint sinon que Toulouse-II soit mise de côté par les pouvoirs publics et les partenaires. Et d’ajouter : « Sur les 170 millions d’euros de budget, la vaste majorité sert à financer la masse salariale de notre université, nous avons donc besoin de ce genre d’initiative pour mener à bien des projets de recherche. »

M. Lacroix admet que la communication sur le projet n’a peut-être pas été adéquate. « Le dossier que nous avons monté s’adresse au jury de l’IDEX, il n’était sans doute pas approprié pour les personnels et étudiants. » Mais pas de quoi retirer le projet de fusion, comme l’a demandé l’intersyndicale. « Il n’était pas envisageable de ne pas faire intervenir le CA [conseil d’administration] sur cette question, tranche le président. Le résultat de la consultation des étudiants et personnels sera pris en compte par les membres du CA lors du vote, elle fait partie des réflexions engagées dans le cadre de ce projet. »

A quelques jours de la clôture du dépôt des dossiers de candidature pour l’IDEX, prévu le 18 décembre, la décision que prendra le conseil d’administration mardi sera déterminante.