« Le coaching scolaire, ce n’est pas magique »
« Le coaching scolaire, ce n’est pas magique »
Par Justine Beauvais
Lycéens et coachs racontent leur expérience de cette pratique qui se développe, mais n’est pas réglementée.
Le coaching scolaire, qui s’est développé ces dernières années, est souvent à l’initiative des parents, inquiets de l’avenir de leurs enfants. Ce fut le cas de Sophie Hania, qui pensait pousser sa fille « vers une école d’ingénieurs, car les ingénieurs ne sont pas au chômage ». Mais sa fille Lola, en terminale S, ne souhaite pas suivre cette voie.
Pour déterminer ce que l’adolescente de 17 ans veut « faire de sa vie », elle et sa mère ont multiplié les démarches : salons d’orientation, conférences et tout dernièrement coaching scolaire. A l’issue d’une première séance d’une heure et demie, la jeune fille se dit très satisfaite. « La coach a réussi à me cerner », assure-t-elle. Pas tellement stressée par son avenir, Lola attend plutôt de la professionnelle qu’elle « révèle des traits ignorés de [sa] personnalité », grâce aux tests effectués lors des séances.
Nicolas Duhot, élève de terminale ES, a évoqué lors d’un bilan « [sa] vie, [ses] ambitions, [ses] défauts et qualités ». La coach l’a ainsi aidé à mettre en évidence son intérêt pour les mathématiques, lui a « révélé des choses » qu’il ignorait, et « conseillé d’écouter davantage les gens », explique-t-il, heureux de l’expérience. Lui qui avait si « peur de ne pas faire le bon choix » pense désormais s’inscrire en économie-gestion.
Vingt-quatre vœux d’orientation sur APB
La psychopédagogue, enseignante et formatrice Brigitte Prot est principalement sollicitée pour des lycéens qui se disent « seuls et perdus » face à un « monde rempli de choix » : « Ils sont allés à des salons, des forums des métiers, mais ils ne s’y sont pas retrouvés parmi toutes les possibilités ». La procédure Admission post-bac, qui proposait jusqu’à l’an dernier de formuler jusqu’à 24 vœux d’orientation, n’a « pas aidé », selon elle.
Or, cette génération a « besoin de sécurité, et, plus que jamais, d’un cadre et d’accompagnement », observe-t-elle. Son approche consiste à repérer et explorer, avec chaque jeune suivi, ses atouts, ses points forts, ses compétences afin de répondre à la question « qui suis-je ? », puis à déterminer, et lever, les freins rencontrés. « Un jeune qui ressentait au départ beaucoup de stress sur son avenir, principalement induit par les parents, devient très optimiste dès qu’il reçoit l’information sur qui il est et un plan d’action », conclut-elle.
Un métier non réglementé
Il faut en général trois séances pour éveiller le projet professionnel, évalue Angélique Maubert, coach et professeur d’anglais. La réussite d’une session de coaching se manifeste par la manière dont le jeune réagit : « Je comprends mieux », « je pense que je vais me diriger vers… », sont ainsi des signes encourageants. Toutefois, insiste Angélique Maubert, « ce n’est pas magique ». L’adolescent, s’il est « tiré par papa-maman », doit être « volontaire », la motivation étant « la clef de voûte du coaching scolaire ». « Tout se passe à travers l’écoute active : on aide le jeune à prendre de la distance par rapport à sa situation. Mais la solution vient de lui », poursuit-elle.
Dans cet univers où il faut débourser en moyenne 100 euros la séance, et 500 euros pour un bilan complet, il convient d’être prudent. Car le métier de coach scolaire n’est pas réglementé. Sandrine Colau, coach et formatrice en coaching, conteste certaines pratiques, comme le fait de proposer du coaching dès l’âge de 6 ans : « Qui dit coaching dit que l’on se fixe des objectifs et que l’on met des actions en place. Il faut en avoir la maturité », rappelle-t-elle. Et parce que devenir coach scolaire ne s’improvise pas, Brigitte Prot appelle à ce que les personnes souhaitant exercer cette profession aient déjà un pied dans le milieu scolaire ou la psychologie de l’enfant avant de se reconvertir. Elle propose ainsi de construire une nomenclature définissant quel diplôme il faut pour exercer, ou encore, ce qu’être coach scolaire signifie.
Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle »
Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq dates : après Nancy (vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017, au centre Prouvé), rendez-vous à Lille (vendredi 19 et samedi 20 janvier 2018, à Lilliad), à Nantes (vendredi 16 et samedi 17 février 2018, à la Cité des congrès), à Cenon, près de Bordeaux (vendredi 2 et samedi 3 mars 2018, au Rocher de Palmer) et à Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).
Dans chaque ville, les conférences permettront au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers sont aussi prévus.
Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire à Lille ! Pour toutes les villes, les inscriptions se font gratuitement via ce lien.
En images : les temps forts d’O21, nos conférences pour s’orienter au 21e siècle, à Nancy
Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.