LES CHOIX DE LA MATINALE

Un peu de nostalgie cette semaine, avec l’album de Noël mixé par Paul McCartney en 1965 et les 50 ans du magazine Rolling Stone. Mais aussi une nouveauté, avec le dernier clip de MGMT. Et, côté concerts, un opéra de Rossini et le festival Les Aventuriers à Fontenay-sous-Bois.

UN INÉDIT : le disque de Noël de Paul McCartney en 1965

Paul McCartney's Christmas Disc 1965
Durée : 18:34

L’anecdote est sympathique en cette période de fêtes. Nous sommes en décembre 1965, le jeune Beatles Paul McCartney s’amuse à enregistrer, seul à la maison, une étrange parodie de programme radio où il s’improvise animateur DJ. Seulement quatre copies vinyles de l’enregistrement sont pressées, offertes à ses fidèles compères John, George et Ringo. Oublié dans les limbes de l’histoire, le disque, d’une durée de dix-huit minutes, a récemment refait surface via le site dangerousminds.net et a été mis en écoute sur la plateforme YouTube, via le biographe anglais Simon Wells.

Cet album de Noël est en fait un prétexte pour l’auteur et interprète de Yesterday de compiler et partager ses chansons préférées avec ses amis. On y découvre une playlist indémodable, commentée par un McCartney espiègle, inaugurée avec le classique de Nat King Cole, Unforgettable (qui donne son titre à l’enregistrement), puis s’enchaînent les Beach Boys (I Get Around), Martha and the Vandellas (Heat Wave), les éternels rivaux The Rolling Stones (Down Home Girl) et un tonitruant Don’t Be Cruel de l’idole Elvis, une incroyable « déflagration du passé » (blast from the past) selon « Macca », cet éternel enthousiaste. Franck Colombani

UN MAGAZINE : « Rolling Stone », numéro spécial 50 ans

Le 9 novembre 1967 était publié, à San Francisco, le premier numéro du magazine Rolling Stone. Petit format sur papier journal, impression en noir et blanc, une couleur pour faire ressortir le titre de « une », 30 pages, parution annoncée tous les quinze jours. Et une « mission » : que la musique soit traitée avec le même sérieux et le même professionnalisme accordés à des sujets économiques ou politiques. Cinquante ans plus tard, Rolling Stone est toujours là, toujours tous les quinze jours aux Etats-Unis, et a gagné au cours des ans en pagination. Sa réputation s’est faite non seulement sur ses articles sur la musique, mais aussi sur des sujets de société, politiques, etc. Et en grandissant, le magazine a connu des éditions spécifiques dans divers pays, dont la France.

Pour le numéro 100 de sa version française, Rolling Stone propose un « numéro spécial 50 ans ». Avec, au-delà de ses sujets d’actualité (Sting, U2, Bernard Lavilliers, Noel Gallagher, Björk…), divers articles sur cet anniversaire : les souvenirs d’Elliott Murphy, de la photographe Annie Leibovitz, la présence régulière de Bruce Springsteen dans les pages du magazine, un portfolio qui débute par une superbe photographie de Neil Young par Mark Seliger en 1993, les 50 disques, comme autant d’années, qui ont « changé la face du rock »… Sur le site internet du magazine, on retrouvera un ensemble dédié, avec de nombreuses archives en traduction française. S.Si.

Rolling Stone, édition française « spécial 50 ans », n^o 100, décembre 2017, 114 p., 5,95 €.

UNE VIDÉO : « When You Die », de MGMT

MGMT - When You Die
Durée : 04:26

A en juger par l’engouement suscité par l’annonce de leur concert à La Cigale, à Paris, le 5 février 2018 (complet en l’espace de trois minutes), la popularité du groupe MGMT demeure intacte neuf ans après le succès colossal de leur premier album, Oracular Spectacular, écoulé à 1 million d’exemplaires.

Ses successeurs Congratulations (2010) et MGMT (2013), délibérément moins « commerciaux », se sont moins bien vendus, mais Little Dark Age, premier single dévoilé voilà deux mois et qui donne son nom à leur quatrième album prévu pour février 2018, semble réconcilier la formation américaine emmenée par Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser avec le format synth pop de leur fameux tube Time to Pretend.

Le deuxième extrait inédit de l’album, When You Die, mis en ligne le 12 décembre, privilégie lui aussi les belles harmonies, dans une veine pop folk planante. La vidéo qui illustre le morceau cultive cette esthétique dérangeante entretenue depuis le clip Kids, mêlant effets de synthèse développés à partir d’un logiciel appelé Glooby (globuleux) et scène d’opération chirurgicale pour le moins psychédélique. L’effet est saisissant : âmes sensibles s’abstenir. F.C.

UN FESTIVAL : Les Aventuriers, à Fontenay-sous-Bois, jusqu’au 21 décembre

Organisé depuis le 13 décembre dans trois salles de la ville de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), la 13^e édition du festival Les Aventuriers se terminera jeudi 21 décembre avec la présentation, salle Jacques-Brel, du lauréat de l’opération Jeunes Aventuriers visant à découvrir de nouveaux talents. Suivront le DJ Darius et le groupe AllttA, avec le rappeur Mr. J. Medeiros et 20Syl, producteur et membre d’Hocus Pocus et C2C. Avant cette soirée de clôture, le festival propose : lundi 18, au cinéma Le Kosmos, le film Stop Making Sense, de Jonathan Demme, consacré au groupe Talking Heads, un choix du saxophoniste Thomas de Pourquery présent à l’issue de la projection ; mardi 19, thématique pop à l’espace Gérard-Philipe avec les groupes Juniore et Requin chagrin ; et au même endroit en entrée libre, mercredi 20, les musiciens amateurs ou aguerris sont conviés à une jam. S. Si.

Festival Les Aventuriers, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), jusqu’au 21 décembre. Cinéma Le Kosmos, 243 ter, avenue de la République, de 4 € à 6 € ; espace Gérard-Philipe 26, rue Gérard-Philipe, de 8 € à 12 € ; salle Jacques-Brel, 164, boulevard Gallieni, de 12 € à 19 €.

UN OPÉRA : « Le Comte Ory », de Rossini, à l’Opéra-Comique, du 19 au 31 décembre

Un Barbier de Séville vient juste de terminer de marier Rosine à Almaviva au théâtre des Champs-Elysées que déjà se profile à l’Opéra-Comique Le Comte Ory, tandis qu’à l’Opéra de Lyon, La Cenerentola se lamente déjà aux cendres du foyer, rêvant de devenir princesse à la pantoufle de vair. Parmi les compositeurs favoris des fêtes, Rossini fait toujours recette : le rythme allègre de sa musique, le brio déjanté d’intrigues aux multiples rebondissements, les époustouflantes vocalises d’un chant virtuose et la force jubilatoire de ses fameux crescendos en font une valeur sûre.

Le Comte Ory relate les tribulations de la jeune comtesse Adèle assiégée par un comte dépravé et un page insolent, le départ des hommes aux Croisades ayant laissé les femmes sans défense. On peut compter sur le spirituel Louis Langrée à la baguette pour faire tourner les têtes, de même pour l’excellent chœur Les Eléments, entraîné par Joël Suhubiette. Quant au plateau soliste, que des pépites : Julie Fuchs en comtesse Adèle, Gaëlle Arquez en page Isolier, le comte Ory de Philippe Talbot, sans oublier le Raimbaud de Jean-Sébastien Bou. La mise en scène respectueuse de Denis Podalydès (secondé par son costumier Christian Lacroix, son décorateur Eric Ruf et Stéphanie Daniel pour la lumière) devrait apporter sa pierre à l’édifice du pétulant chef-d’œuvre. Marie-Aude Roux

Le Comte Ory, de Rossini. Julie Fuchs, Gaëlle Arquez, Philippe Talbot, Jean-Sébastien Bou, Eve-Maud Hubeaux, Jodie Devos, Patrick Bolleire, Denis Podalydès (mise en scène), Eric Ruf (décors), Christian Lacroix (costumes), Stéphanie Daniel (lumières), Chœur Les Eléments, Orchestre des Champs-Elysées, Louis Langrée (direction). Opéra-Comique, 1 place Boieldieu, Paris-2^e. Du 19 au 31 décembre. Tél. : 01-80-05-68-66. De 6 € à 135 €.

Reprise à l’Opéra royal de Versailles (Yvelines), les 12 et 14 janvier 2018. Tél. : 01-30-83-78-89. De 42 € à 150 €.

À RÉSERVER : le festival Sons d’hiver, dans le Val-de-Marne, du 26 janvier au 17 février 2018

La 27^e édition du festival Sons d’hiver est prévue du 26 janvier au 17 février 2018 dans douze salles de spectacle d’autant de villes du département du Val-de-Marne et cinq salles parisiennes. Avec des musiciennes et musiciens pour beaucoup dans les pratiques des musiques improvisées et du jazz, ainsi qu’ici et là des liens vers la musique contemporaine, le rock, les musiques du monde. Les réservations sur l’ensemble des concerts et conférences sont ouvertes sur le site du festival.

Parmi la trentaine de propositions sont notamment annoncés : deux formations avec le contrebassiste William Parker et le batteur Hamid Drake (espace culturel André-Malraux, au Kremlin-Bicêtre, le 26 janvier) ; le groupe Ursus Minor (théâtre Paul-Eluard, à Choisy-le-Roi, le 28 janvier) ; le trio du batteur Ches Smith (espace Jean-Vilar, à Arcueil, le 30 janvier) ; le trio de Michel Portal, Bruno Chevillon et Daniel Humair (le POC, à Alfortville, le 2 février) ; le groupe Explore Explove du bassiste Hubert Dupont (salle Jacques-Brel, à Fontenay-sous-Bois, le 3 février) ; les groupes Sons of Kemet et Soweto Kinch Trio (théâtre de la Cité internationale, Paris-14^e, le 7 février) ; Big Satan, du saxophoniste Tim Berne, et Band of Dogs, qui invite le guitariste Otomo Yoshihide (théâtre Antoine-Vitez, à Ivry-sur-Seine, le 13 février). S. Si.

Festival Sons d’hiver, dans le Val-de-Marne et à Paris, du 26 janvier au 17 février 2018. De 8 € à 24 € selon les concerts.