C’est sur un air joyeux et entraînant – celui de l’ouverture de Candide, de Leonard Bernstein – que sera inaugurée ce soir, à 20 heures, sur le site de France Musique, une nouvelle salle de concerts. Virtuelle, celle-ci prend pour cadre le majestueux auditorium de Radio France où seront désormais captées en audio et, plus régulièrement encore, en vidéo, les prestations des quatre formations musicales de la Maison ronde : l’Orchestre national de France, l’Orchestre philharmonique de Radio France ainsi que le Chœur et la Maîtrise.

Ainsi, un an après la refonte complète de son site et le lancement de sept webradios, la station poursuit, sur un rythme allegro, sa transformation en média global, avec l’ouverture d’un espace dédié aux « concerts » (en direct ou rattrapage) et aux « Sessions studio ». Le catalogue d’archives, qui comprend déjà près de 1 600 œuvres en ligne, va s’enrichir chaque semaine de la captation vidéo d’un « concert maison ». « On se donne les moyens de conserver ce que l’on produit, affirme Marc Voinchet, directeur de France Musique, et ainsi de faire de l’archive pour demain ».

40 à 45 concerts par an

De fait, dès le début 2018, une régie vidéo va être installée dans l’Auditorium afin de piloter les 10 à 13 caméras tourelles HD. La réalisation sera opérée dans un premier temps par les équipes d’Arte – avec laquelle Radio France resserre son partenariat – avant que celles de la Maison ronde, une fois formées, ne prennent la main. « On ne va pas tout filmer systématiquement, prévient Laurent Frisch, directeur du numérique à Radio France, les captations audio resteront les plus nombreuses. Pour autant, notre objectif, à partir de janvier, est d’offrir un live par semaine. Ce qui représente environ 40 à 45 captations par an, là où précédemment, avec Arte, nous en proposions 5 à 7. »

Faire fructifier un patrimoine en rendant moins « évanescente » les productions musicales de Radio France, tel est le sens de ce projet qui vise également à capter un nouveau public, plus large, plus jeune. « Pour toucher le plus de monde possible, il faut que les œuvres demeurent disponibles en ligne, bien plus d’une semaine ou d’un mois. Quand vous écoutez une superbe interprétation, elle le demeure dix, vingt ou trente ans après. Il faut donner une chance aux œuvres de s’installer auprès du public », ajoute Laurent Frisch.

Un trésor d’archives revivifié

Des œuvres qui seront proposées pour une écoute intégrale ou par morceaux, entourées, comme il se doit, d’un habillage didactique, apportant différents éclairages (sur l’histoire, la composition, la biographie de l’auteur…). Celui-ci devrait s’enrichir au fil de la numérisation des archives. « Nous avons des trésors qui ne demandent qu’à reprendre vie, s’enthousiasme Marc Voinchet. Toutes les grandes émissions pédagogiques qu’il serait compliqué aujourd’hui de remettre à l’antenne, retrouvent ainsi une utilité, un sens. ». Cette offre vidéo enrichie a été également pensée afin de permettre aux mélomanes avertis ou aux amateurs de naviguer sans à-coup, comme l’explique Romain Caron, chef de produit numérique en charge de francemusique.fr : « Quand on lance le player, automatiquement il se place sur le côté et évite ainsi à l’internaute de se retrouver dans une impasse. Grâce à quoi, comme on a pu le constater, il reste plus longtemps sur notre site ».

L’Orchestre philharmonique de Radio France. / CHRISTOPHE ABRAMOWITZ/RADIO FRANCE

Mathieu Gallet, PDG de Radio France, ne cache d’ailleurs pas l’enjeu, sinon d’audience, du moins de renouvellement du public de France Musique, avec cette proposition de live stream inscrite, précise-t-il dès 2014, dans son projet présenté au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel). « La question du rajeunissement est essentielle pour cette station. Par les réseaux sociaux et le développement de nouveaux formats, nous devons parvenir à toucher ceux et celles qui ne se sentent pas concernés ou sont encore intimidés par le classique. En ce sens, se constituer en média global est primordial, mais également pour nous réinventer nous-même », ajoute le patron du groupe public, « heureux » de voir se concrétiser en partenariat avec Arte, un projet inspiré du digital Concert Hall de Berlin. « L’idée est vraiment de faire de France Musique, une ressource pour l’actualité et une encyclopédie de la musique, par le son, le texte et l’image. Je pense que l’on peut aller encore plus loin, notamment avec l’INA [Institut national de l’audiovisuel] qui possède toutes nos archives avant 1981. »

Avant ce nouveau chantier, dès le premier trimestre 2018, France Musique proposera une version en anglais de son site, histoire d’étendre son audience par-delà les frontières.

Comprenant des œuvres de Leonard Bernstein, Richard Rodgers, Stephen Sondheim, le concert « Noël à Broadway » avec l’orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck sera retransmis en direct conjointement sur France Musique (espace « concerts ») et sur Arte-France Musique à partir de 20 heures.