L’île Bylot est une île du Canada située dans le passage du Nord-Ouest et faisant partie de l’archipel arctique canadien. / David Goldman / AP

In extremis, dimanche 24 décembre, la haute mer a fait l’objet de l’une des dernières résolutions votées en 2017 par l’Assemblée générale des Nations unies. Plus de 140 Etats ont approuvé l’ouverture de négociations, sous l’égide du Mexique et de la Nouvelle-Zélande, qui doivent aboutir à un traité international protégeant sa biodiversité.

Si l’immense espace marin – environ la moitié de la planète – situé au-delà des zones de juridictions nationales n’est pas tout à fait le Far West sans foi ni loi que certains décrivent, il reste très désarmé face à ce qui l’attend en exploitations diverses, scientifiques ou industrielles. Les appétits s’aiguisent devant les ressources minérales, génétiques, alimentaires de l’océan. Certes, il existe déjà des règles de navigation maritime, de partage des zones d’exploration du sous-sol de l’océan, tandis que des organisations régionales de gestion de pêche émettent des avis, pas toujours respectés.

Mais qu’en sera-t-il lorsque progrès de la technologie et de la démographie aidant, l’exploitation de l’océan va passer à un rythme encore supérieur ? Rien ne permet aujourd’hui de créer, par exemple, des aires marines protégées en haute mer, d’exiger qu’y soient menées des études d’impact environnemental avant un forage, ou de déterminer la propriété intellectuelle régissant l’usage d’une molécule tirée de tel ou tel corail.

Enjeux immenses

Les enjeux sont immenses. Les négociations devraient durer jusqu’en 2020, alors que les discussions préalables au feu vert de l’ONU ont débuté il y a plus de dix ans. Le futur traité sur « la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité » en haute mer « complétera la Convention sur le droit de la mer de Montego Bay [Jamaïque] adoptée en 1982 », explique Serge Ségura, premier ambassadeur de France chargé des océans. Or, au chapitre de l’environnement, celle-ci n’abordait guère que les marées noires.

On était loin alors d’imaginer les pollutions d’aujourd’hui : plastique, produits chimiques, pêche au cyanure, bruit et autres perturbations qui mettent la vie marine à rude épreuve. « Nous avons de plus en plus conscience de l’importance de la haute mer pour l’ensemble de la vie sur Terre », s’est réjouie Peggy Kalas, au nom de la High Seas Alliance, une coalition de 35 ONG créée en 2011 pour défendre le projet de traité. Comme en illustration de ce début d’optimisme, les pays riverains de l’Arctique viennent de décider, par précaution, d’un moratoire sur la pêche au cœur de cet océan avant même que la fonte de la calotte polaire ne la rende possible.