Dans les écoles de commerce, la langue française est à la peine
Dans les écoles de commerce, la langue française est à la peine
Par Jean-Claude Lewandowski
Les cours en anglais se généralisent dans les écoles de commerce, notamment pour attirer les étudiants étrangers. Rien ne semble pouvoir arrêter le phénomène d’anglicisation.
Burgundy School of Business
« L’anglais est la langue internationale des affaires. Il est incontournable. Impossible de s’en passer. » Constat signé Philippe Gabillet, professeur associé à l’ESCP Europe. Dans les business schools, la plupart des enseignants et des dirigeants sont sur cette ligne. Résultat, les cours en anglais se multiplient partout, les écoles y voyant en outre un moyen de renforcer leur image internationale et d’attirer des étudiants étrangers. Même les noms des établissements se mettent à l’anglais, à l’instar de l’ESC Rennes, rebaptisée Rennes School of Business, ou de l’ESC Dijon-Bourgogne, devenue Burgundy Business School… Les écoles de commerce se retrouvent ainsi en pointe pour accélérer l’« anglicisation » de la société française.
Les arguments, il est vrai, ne manquent pas : le management a été inventé outre-Atlantique, les principaux classements sont régis par la presse anglo-saxonne, le monde de la recherche travaille surtout en anglais… Quid, dans ces conditions, de la francophonie ? de la diversité linguistique ? Elles sont reléguées – au mieux – au second plan. D’autant que les programmes sont déjà très chargés et que les élèves étrangers répugnent à se lancer dans l’étude d’une langue française réputée difficile.
Tout cela ne va pas sans quelques problèmes. Certains manageurs s’expriment dans un incroyable charabia mêlant anglais et français – souvent avec des fautes dans les deux langues. Les échanges perdent en subtilité et en nuances. Quelques (rares) responsables s’en inquiètent : « Je suis attristé de voir que nos écoles s’agenouillent devant la langue anglaise », lâche Olivier Oger, ancien directeur général de l’Edhec.
Le Brexit n’a rien changé
« L’usage excessif de l’anglais aboutit à un appauvrissement de la pensée », juge Didier Jourdan, directeur de Montpellier Business School, qui exige de ses élèves étrangers la certification Voltaire. « L’anglais est un véhicule très commode, note Alice Guilhon (Skema). Mais, quand on s’exprime dans la langue du pays, on en comprend mieux les codes et les usages. »
D’autres, comme Virginie de Barnier, directrice de l’IAE d’Aix-en-Provence, tablent sur la promotion de la culture française (histoire, gastronomie, patrimoine architectural…) pour inciter ses étudiants à se mettre au français. Malgré ces efforts, l’anglophonie ne cesse de progresser sur les campus. Même le Brexit et l’élection de Trump ne semblent pas remettre en cause ce credo du « tout-anglais ». A vrai dire, le sujet ne semble même plus faire débat.
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