De nouveaux rassemblements de soutien au pouvoir iranien ont été organisés jeudi 4 janvier, au lendemain de la proclamation de la « fin de la sédition » par les autorités, qui entendent recentrer l’attention sur les revendications économiques, point de départ de cette contestation qui a fait 21 morts.

Jeudi matin, la télévision iranienne diffusait des images de nouvelles manifestations importantes en soutien au pouvoir dans les villes d’Ispahan (centre), Machhad (nord-est), Ouroumieh (nord-ouest), Babol ou encore Ardabil (nord).

« Nous sommes tous ensemble, derrière le Guide ! », l’ayatollah Ali Khamenei, scandaient ces manifestants, selon les images de la télévision d’Etat. Les manifestants ont aussi repris les slogans « mort à l’Amérique ! », « mort à Israël ! » ou « mort à monafegh ! », (hypocrite en persan), un terme qui désigne dans la bouche des autorités les Moudjahidin du peuple, principal groupe d’opposition en exil, interdit en Iran.

Mercredi déjà, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans une vingtaine de villes de province pour soutenir le pouvoir et dénoncer les violences.

Un mouvement en berne ?

Après plusieurs jours de manifestations contre le gouvernement et les autorités religieuses, parties d’un mouvement de colère contre la vie chère, la plupart des villes du pays ont connu une deuxième nuit calme, ainsi que la capitale, Téhéran, qui avait cependant vu moins de mouvements.

Au moins 21 personnes sont mortes au cours des derniers jours, dont 16 manifestants, et des centaines ont été arrêtées, dont 450 à Téhéran, selon les autorités. Les milices islamiques du pouvoir, les gardiens de la révolution, ont proclamé mercredi la fin de ce mouvement qualifié de « sédition ». Parti le 28 décembre de Machhad (nord-est), la deuxième ville du pays, cette contestation inédite depuis 2009 a secoué l’Iran.

Le pouvoir avait notamment accusé les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, grande rivale régionale, d’avoir attisé les troubles en soutenant les manifestations violentes. L’Iran s’est plaint auprès du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, « d’ingérence » dans ses affaires intérieures.

Accusations d’ingérence

« Au cours des derniers jours, l’administration américaine (…) a augmenté ses interventions d’une manière grotesque dans les affaires intérieures de l’Iran sous prétexte de fournir un soutien à des manifestations sporadiques », a affirmé le représentant à l’ONU, Gholamali Khoshroo.

Depuis le début de la contestation, Donald Trump a pris fait et cause pour les protestataires et a condamné le régime. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a demandé des réunions d’urgence du Conseil de sécurité et de celui des droits de l’homme.

La classe politique en Iran — réformateurs comme conservateurs — s’est, elle, positionnée contre les violences, tout en soulignant la nécessité de trouver une solution aux problèmes économiques, principalement le chômage, qui atteint 30 % chez les jeunes.

Réélu en mai, le réformateur Hassan Rohani avait promis dès sa première accession à la présidence, en 2013, d’œuvrer à l’amélioration de la situation économique et sociale ; un espoir amplifié par l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, et la levée de certaines sanctions internationales. Mais le renchérissement du coût de la vie et le chômage n’ont pas apaisé les frustrations.