L’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), où le père Hamel a été tué, le 26 juillet 2016. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

L’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), qui a coûté la vie au père Hamel, égorgé en pleine messe par deux assaillants, aurait-il pu être évité ? C’est ce que laisse entendre Mediapart, qui révèle jeudi 4 janvier, que l’un des terroristes était suivi par les services de renseignements, mais que les informations à son sujet se sont « perdues » dans les méandres de l’administration, durant l’été 2016.

Cinq jours avant l’assassinat du père Hamel, le 21 juillet 2016, un policier intercepte des messages envoyés sur une chaîne Telegram, une messagerie cryptée. Dans ce fil de discussion, l’administrateur, sous pseudonyme, confie sans équivoque ses velléités djihadistes, notamment ses tentatives de départ en Syrie, à l’origine de son assignation à résidence avec bracelet électronique et les cours qu’il donne trois fois par semaine dans une mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. Surtout, dans un message audio, le jeune homme sous contrôle judiciaire incite à commettre des attaques au couteau dans des églises.

La note antidatée

Le brigadier en poste à la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris, selon Mediapart, avertit alors sa hiérarchie, notamment pour permettre de déceler l’identité de celui qui sera identifié quelques jours plus tard après l’attentat, Adel Kermiche. Cette note n’arrivera jamais jusqu’aux bureaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), situés à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La veille de l’attaque, de nouveaux messages, plus alarmants, font état d’un projet imminent, sans qu’une cible soit formellement définie.

Le 26 juillet, à 9 heures du matin, pendant l’office, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans tous les deux, se ruent sur le père Hamel avec pour seule arme un petit couteau de cuisine en céramique, et l’égorgent devant une poignée de fidèles. Pour éviter des accusations en incompétence, la hiérarchie du brigadier aurait décidé d’antidater la note, faisant croire que ces révélations sur les discussions Telegram étaient consécutives à l’enquête ouverte dans le cadre de l’attentat, fait savoir Mediapart. Pour l’heure, aucune enquête de l’IGPN, la police des polices, n’a été ouverte sur le sujet.