La réunion méritait bien une photo de famille et quelques belles intentions. Au premier plan : Jacques Brunel, nouveau sélectionneur du XV de France, Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, et Paul Goze, président de la Ligue nationale de rugby (LNR). Au milieu d’eux, la plupart des entraîneurs du championnat de France, le Top 14. Tous invités au siège fédéral, à la résidence de Marcoussis (Essonne), dans l’après-midi du lundi 8 janvier.

« Ce n’est pas quelque chose qu’on a l’habitude de faire, on est plutôt en concurrence tout au long de la saison entre les staffs des clubs », reconnaît Franck Azéma, le manageur de Clermont, champion de France en titre.

Sortir le XV de France de l’impasse

Trois heures de discussion avec cette question sous-tendue : comment communiquer davantage entre les clubs et la sélection nationale pour sortir le XV de France de l’impasse ? La question n’est pas neuve, eu égard aux intérêts antagonistes entre la FFR (équipe de France) et la LNR (les clubs professionnels). Mais la poser aujourd’hui est aussi une manière pour la FFR de justifier son récent limogeage, très contesté, de Guy Novès (7 victoires en seulement 21 matchs).

Le camp Laporte avait, en effet, argué de prétendues mauvaises relations entre la sélection nationale et les clubs pour limoger le prédécesseur de Jacques Brunel. Des mauvaises relations que nie toujours l’intéressé.

Première mesure annoncée lundi ? Jacques Brunel entend plus ou moins se passer de la liste Elite, manière de rompre avec l’héritage de Guy Novès. « Je ne suis pas certain que la liste ait encore lieu d’exister. En tout cas, la sélection des joueurs de l’équipe de France ne se fera en fonction d’elle », a-t-il expliqué, alors qu’il présentait à la presse ses adjoints, Sébastien Bruno, Jean-Baptiste Elissalde et Julien Bonnaire.

Revoir la méthode de communication

Au mois de juin 2017, Guy Novès avait communiqué une liste de 45 joueurs censés être protégés par leurs clubs respectifs. Le même été, le groupe en question avait bénéficié d’un surcroît de préparation par rapport à l’année précédente, passant de huit à dix semaines sans disputer le moindre match.

La disparition de cette liste Elite correspond aux souhaits de la direction actuelle de la FFR. « Il y a des situations très diverses suivant les périodes de l’année entre un joueur blessé ou pas blessé, un joueur qui a joué beaucoup ou pas », avance Jacques Brunel, qui était encore manageur de l’Union Bordeaux-Bègles jusqu’à sa prise de fonction officielle à la tête de l’équipe nationale, le 2 janvier.

Favorable à plus de « souplesse », le Clermontois Franck Azéma explique que les débats du jour ont notamment concerné la méthode de communication entre le staff du XV de France et les clubs. « Pour qu’il y ait des remontées d’informations, de données, mais aussi d’échanges, par téléphone sur l’état de forme, l’état de santé. » Rien n’a encore été formalisé, mais ce sont « des choses qu’on peut mettre en place rapidement », souligne l’entraîneur clermontois, dont l’équipe croule justement sous les blessures depuis le début de la saison.

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Immersion

Une mesure a déjà été actée, en revanche, conférant plus de pouvoir aux clubs qu’à la Fédération, laisse entendre Laurent Travers (Racing) : « Il a été décidé que la préparation physique serait à la responsabilité de chaque club. » A l’opposé de la préparation estivale de 2017, durant laquelle le staff précédent du XV de France avait conçu des programmes spécifiques à chaque membre de la liste Elite, y compris pendant leur période en club.

Dernier point : des séjours d’immersion ont été envisagés. Jacques Brunel, mais aussi ses adjoints (Bruno, Bonnaire et Elissalde) iront de club en club dès la fin du Tournoi des six nations… comme pouvait déjà le faire le staff précédent. Réciproquement, et la chose serait plus inhabituelle, les entraîneurs de clubs pourront se rendre à Marcoussis en tant qu’« observateur pour échanger un ou deux jours », précise le sélectionneur.

Je pense que certains ne le feront peut-être pas, certains auront déjà prévu leurs vacances et ne vont pas changer leur billet d’avion, mais bon, la relation a été instaurée et je pense qu’il y en aura quelques-uns qui viendront.

Lundi, tous les entraîneurs du Top 14 avaient répondu à l’invite fédérale. Seuls trois entraîneurs avaient transmis un mot d’excuses pour justifier leur absence à la réunion : Vern Cotter (Montpellier), Christophe Urios (Castres) ainsi qu’Adrien Buononato (Oyonnax).