TV – « Rudolf Noureev, le saut vers la liberté »
TV - « Rudolf Noureev, le saut vers la liberté »
Par Renaud Machart
A voir aussi ce soir. Un docufiction bien informé retrace les années du jeune danseur soviétique, au moment de son premier séjour à Paris, en 1961 (sur Arte à 22 h 50).
En 1961, alors que se dresse le mur de Berlin, l’URSS envoie Youri Gagarine dans l’espace et le Ballet du Kirov (aujourd’hui Mariinsky) à Paris. Dans les rangs de la compagnie, l’un des danseurs, encore inconnu, se nomme Rudolf Noureev.
L’un des « escorteurs » de la tournée est chargé de surveiller de près les « camarades artistes », notamment « le plus indomptable » d’entre eux. Car le jeune Noureev s’était déjà fait remarquer par ses frasques narcissiques et son sale caractère.
Il ne danse pas à la première représentation parisienne, mais René Sirvin, le critique de danse du Figaro qui intervient dans ce documentaire de Richard Curson Smith, le remarque au cours d’une répétition et raconte dans tout Paris qu’il a « repéré une star ». Ghislaine Thesmar, ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris, porte-cigarillo à la main, renchérit : « Nous avons vu arriver une bombe sur scène. » Clara Saint, fiancée à un fils d’André Malraux, présentée à Noureev, tombe sous le charme du très beau et très talentueux jeune homme. Leur idylle sera probablement platonique (Rudolf préfère son camarade de chambre d’hôtel) mais la jeune femme jouera un rôle important dans sa vie.
Artem Ovcharenkon danseur étoile du Bolchoï sous les traits de Rudolf Noureev / © IWC Media / © IWC Media
Au moment où la troupe quitte Paris pour Londres, un message de Moscou intime l’ordre que Noureev, qui a accumulé les escapades et les insolences, rentre au pays. Défendu contre ses sbires par des gendarmes à l’aéroport du Bourget, il parvient à obtenir, avec l’aide de Clara, appelée à la rescousse, l’asile politique.
Le récit de ce docufiction bien documenté – avec des témoignages de ses camarades du Kirov, du danseur Pierre Lacotte et de Clara Saint, entre autres – s’arrête là et ne dit rien des années que Noureev passera à l’Ouest, jusqu’à sa mort, des suites du sida, en 1993. A Paris, il sera, de 1983 à 1992, directeur, maître de ballet et chorégraphe en chef du Ballet de l’Opéra.
On laissera aux spécialistes le soin de juger si l’interprète de Noureev (Artem Ovcharenko, danseur étoile du Bolchoï) incarne de manière crédible son modèle. Il en a le charme mais ne peut rivaliser avec le fauve hypersexué qu’était Noureev.
Rudolf Noureev, le saut vers la liberté, de Richard Curson Smith. Avec Artem Ovcharenko, Svetlana Smirnova, Artem Yakovlev, Yuri Utkin, Denis Aliev (Royaume-Uni, 2015, 60 min).