yame Misaki et  Masatoshi Nagase dans « Vers la lumière » de Naomi Kawase.

L’avis du « Monde » - Pourquoi pas

Caméra d’or en 1997 à Cannes avec son premier long métrage de fiction Suzaku, Naomi Kawase a d’emblée frappé le public par la grâce et le lyrisme qui se dégage de ses films, où la chronique intimiste rencontre la célébration panthéiste du monde. Enfant abandonnée, la cinéaste, que ce soit dans ses fictions ou dans ses essais documentaires, a toujours marqué sa prédilection pour la part manquante qui travaille toute chose en ce monde, les êtres vivants comme les images, et qui explique la troublante beauté à laquelle ils accèdent dans son œuvre. Son nouveau film, Vers la lumière, témoigne une fois encore de cette préoccupation mais la dévalue, pour la première fois sans doute, par une volonté de signifier l’ineffable et un symbolisme qui s’avère assez laborieux.

La disparition de deux univers

L’histoire réunit une audi-descriptrice de films pour non voyants et un photographe qui devient inexorablement aveugle. Les deux personnages sont en proie chacun à la disparition de leurs univers. Misako a perdu son père et ne peut s’occuper comme elle le voudrait de sa mère, atteinte d’une maladie dégénérative. Quant à Nakamori, il doit accepter le lourd fardeau d’une infirmité qui le frappe à l’endroit-même de ce qui le reliait à la vie : son regard. Il s’en faut de beaucoup que les personnages, tels des ombres destinées à animer une idée, nous convainquent ici de leur propre existence, ni que la trame romanesque qui est censée les rapprocher nous emporte. Rien ne semble pouvoir se nouer dans cette fiction qui prolonge pourtant à quinze ans de distance un magnifique documentaire de la cinéaste réalisé en 2002, La danses des souvenirs. Naomi Kawase y assistait à l’agonie d’un ami photographe, Kazuo Nishii, conférant à cette rencontre ultime, dédiée à une réflexion sensible sur la nature de ce monde que l’homme abandonnait, une forte charge émotionnelle.

Vers la lumière - Bande annonce
Durée : 01:41

Film japonais de Naomi Kawase. Avec Masatoshi Nagase, Ayame Misaki. (1h41) Sur le web : www.hautetcourt.com, www.facebook.com/hautetcourt