Lait contaminé : Bruno Le Maire convoque la grande distribution et Lactalis à Bercy
Lait contaminé : Bruno Le Maire convoque la grande distribution et Lactalis à Bercy
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le ministre de l’économie veut déterminer les responsabilités dans les failles du rappel des produits concernés par la contamination à la salmonelle.
Après l’annonce cette semaine de la vente de produits Lactalis concernés par la contamination à la salmonelle, Bruno Le Maire a annoncé, jeudi 11 janvier, lors d’un point de presse, avoir convoqué les groupes de la grande distribution à Bercy jeudi en fin d’après-midi pour comprendre comment des failles dans les procédures de rappel ont pu survenir. Le ministre de l’économie a ajouté qu’il recevrait vendredi la direction de Lactalis, une entreprise jugée « défaillante ». Il a dit à la mi-journée :
« L’affaire Lactalis est grave et a donné lieu à des comportements inacceptables qui devront être sanctionnés. »
Il a ainsi rappelé avoir dû signer lui-même le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots, soit 11 000 tonnes. « L’Etat s’est donc substitué à une entreprise défaillante dont je rappelle qu’elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché », a prévenu M. Le Maire.
Bruno Le Maire a également annoncé 2 500 contrôles supplémentaires de la répression des fraudes (DGCCRF) la semaine prochaine dans les différents points de vente. « L’urgence, c’est le retrait de tous les lots contaminés », a-t-il fait valoir. Le ministre a précisé que 2 500 contrôles déjà opérés dans des magasins, grandes surfaces, pharmacies, hôpitaux et crèches avaient permis d’identifier 91 établissements détenant des boîtes de lait qui auraient dû être retirées de la circulation.
Au moins 35 nourrissons ont pour l’instant été atteints de salmonellose en France après avoir consommé un lait ou un produit d’alimentation infantile fabriqué dans l’usine Lactalis de Craon, en Mayenne.
- Stéphane Travert parle d’un « dysfonctionnement majeur »
Le ministre de l’agriculture a évoqué jeudi un « dysfonctionnement majeur » dans les procédures de rappel des boîtes de lait infantile Lactalis, après l’annonce par des distributeurs de la vente de produits concernés par la contamination à la salmonelle. Le ministre a appelé les opérateurs, « les industriels, les intermédiaires, les distributeurs », à faire « toute la lumière sur les défaillances qui ont été constatées et [à ce qu’ils] s’assurent que plus aucun des produits concernés ne l'est sur le marché et ne se trouvent dans les magasins ».
Il a ajouté que les services vétérinaires seraient « particulièrement vigilants sur les conditions de reprise de l’activité du site » de Lactalis à Craon, alors que le géant laitier avait annoncé un peu plus tôt la mise en place de mesures de chômage partiel pour 250 salariés de l’usine Lactalis de Craon.
- Geoffroy Didier et Clémentine Autain réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire
Geoffroy Didier et Clémentine Autain se sont tous deux prononcés en faveur de la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Lactalis. « Je trouve ça proprement scandaleux le fait que des laits infantiles qui aient fait l’objet de rappel soient malgré tout vendus en grande distribution », a réagi jeudi le secrétaire général délégué des Républicains sur Public Sénat.
« Je crois que les excuses commerciales de la part de certains groupes de grande distribution (…) ne suffiront absolument pas et qu’il faudrait qu’une commission d’enquête parlementaire soit créée, et que les responsabilités soient non seulement prononcées mais aussi exercées, c’est-à-dire avec des sanctions exemplaires. »
Interrogée pour sa part sur BFM-TV et RMC, la députée de La France insoumise de Seine-Saint-Denis a abondé dans le sens de Geoffroy Didier. « C’est insensé ce qui s’est passé, et c’est inquiétant (…) soit il s’agit d’incompétence crasse, mais enfin, répétée dans plusieurs enseignes, c’est quand même étrange… Ou alors, quelque part, au nom du profit, on s’assoit sur la santé », a déclaré Clémentine Autain.