Le 3 octobre 1980, sur les lieux de l’attentat à la bombe de la rue Copernic à Paris. / STF / AFP

Près de quarante ans après l’attentat à la bombe de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980, qui fit quatre morts, les juges d’instruction ont rendu un non-lieu, vendredi 12 janvier, en faveur de l’unique suspect, Hassan Diab. Le parquet, qui avait requis le renvoi de ce dernier devant les assises, a annoncé qu’il faisait appel de l’ordonnance des juges. Des parties civiles ont déclaré qu’elles allaient faire de même. « Vu les nombreuses divergences qui existent dans ce dossier, ce sera une bonne chose que la cour d’appel tranche », a relevé l’un de leurs avocats, Eric Morain.

Les magistrats ont estimé que les charges pouvant être retenues contre Hassan Diab, un Libano-Canadien de 64 ans, « ne sont pas suffisamment probantes » et « se heurtent à trop d’éléments à décharge », selon une source proche du dossier.

Par conséquent, les juges ont ordonné la « mise en liberté immédiate » de l’ancien professeur de sociologie à l’université d’Ottawa, qui a passé plus de trois ans en détention provisoire depuis son extradition du Canada, en novembre 2014.

« Cette décision dans une affaire de terrorisme d’une extrême gravité est exceptionnelle. Elle consacre la rigueur et l’indépendance des juges d’instruction face à toutes les pressions », ont souligné ses avocats, William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefebvre.

« Absence d’empreintes digitales »

Dans leur ordonnance signée vendredi et annoncée par France Inter, les magistrats mettent en lumière « un certain nombre d’éléments […] qui permettent d’estimer qu’Hassan Diab se trouvait vraisemblablement au Liban pendant cette période » et ne pouvait donc ni avoir confectionné ni posé l’engin explosif, caché sur une moto.

La découverte d’un passeport à son nom avec des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, d’où serait parti le commando, était l’un des principaux éléments à charge à son encontre. Mais depuis, un certain nombre de faits, notamment le témoignage de son ex-épouse, ont montré le contraire.

Hassan Diab a d’ailleurs toujours assuré qu’il était à Beyrouth pour passer ses examens à la faculté au moment des faits. « Les documents de l’université libanaise » et « les témoignages de plusieurs étudiants » ont corroboré sa version, soulignent les juges.

Autre élément à décharge pour les magistrats, « l’absence d’empreintes digitales » d’Hassan Diab parmi toutes celles retrouvées sur différentes pièces qui ont pu être manipulées par le ou les auteurs de l’attentat.

Bataille judiciaire

Depuis plusieurs mois, le cas d’Hassan Diab est au cœur d’une bataille judiciaire entre le parquet et les juges. Ces derniers ont demandé à plusieurs reprises sa remise en liberté, avec assignation à résidence et port d’un bracelet électronique. Mais à chaque fois, le ministère public a fait appel, et la cour d’appel a décidé de prolonger sa détention.

Le 29 novembre, le parquet de Paris avait requis son renvoi devant la cour d’assises spéciale de Paris, seule habilitée à juger les crimes terroristes. Il s’appuyait notamment sur des notes du renseignement, des expertises graphologiques et la ressemblance d’Hassan Diab avec des portraits-robots réalisés à l’époque, estimant que les « éléments à charge et à décharge » devaient être débattus lors d’un procès.