Onze détenus de Guantanamo portent plainte contre Donald Trump
Onze détenus de Guantanamo portent plainte contre Donald Trump
Le Monde.fr avec AFP
S’inspirant des arguments des détracteurs du décret anti-immigration, les prisonniers l’accusent d’être anti-islam dans leur recours.
Après les associations et les juges fédéraux, c’est au tour des prisonniers de porter plainte contre Donald Trump. Onze détenus de Guantanamo ont lancé jeudi 11 janvier des poursuites contre le président américain, estimant être illégalement maintenus en prison parce qu’ils sont musulmans.
S’inspirant des arguments mis en avant par les détracteurs du décret présidentiel anti-immigration, les prisonniers ont cité dans leur plainte des tweets et autres déclarations du milliardaire démontrant, selon eux, ses préjugés anti-islam.
Ils ont également glissé ses commentaires sur le fait que, selon lui, aucun détenu de Guantanamo ne devrait un jour être libéré. Une prise de position qui tranche avec les administrations précédentes, qui estimaient que la situation de ces prisonniers – il en reste 41 sur 775 il y a quelques années – devait être réexaminée ou qu’ils devaient être traduits devant un tribunal militaire.
Un habeas corpus réclamé pour les prisonniers
« L’opposition du président à la libération des prisonniers de Guantanamo s’inscrit en droite ligne d’autres initiatives politiques sans discernement de sa part – qui ont été annulées par les tribunaux », affirme la plainte, qui mentionne explicitement le décret migratoire.
« Sa position sur Guantanamo appelle à rien moins qu’une exploration judiciaire », poursuit le recours. M. Trump « a souhaité plus récemment que le musulman ayant tué plusieurs personnes à New York soit envoyé à Guantanamo et privé du processus constitutionnel, alors qu’il n’a jamais suggéré que les tueurs de masse Blancs soient privés du processus requis. »
Ces poursuites ont été déposées devant un tribunal fédéral de Washington au 16e anniversaire de l’ouverture du centre de détention, dans l’enclave américaine à Cuba. Elles réclament un habeas corpus pour les prisonniers, dont certains sont détenus depuis 2002, afin qu’ils soient inculpés ou libérés. Selon eux, le fait que l’administration Trump envoie des signaux selon lesquels elle n’a pas l’intention de les remettre un jour en liberté est contraire à la législation américaine et au droit international.
« C’est une démonstration de son antipathie envers cette population carcérale, envers tous les hommes musulmans nés à l’étranger et envers les musulmans au sens large, du même acabit que ce que les tribunaux ont à raison rejeté ces derniers mois », poursuit le document de justice.