Oscar Perez lors d’une manifestation contre le gouvernement, à Caracas, le 13 juillet 2017. | INAKI ZUGASTI / AFP

Les Vénézuéliens ont suivi en direct, grâce aux réseaux sociaux, le pilonnage subi par l’homme le plus recherché par le régime chaviste : Oscar Pérez, 36 ans, ancien inspecteur de la police criminelle, qui s’est insurgé contre le président Nicolas Maduro. Le jeune homme aux yeux clairs avait surpris les médias en juin 2017, lorsqu’il s’était emparé d’un hélicoptère et avait jeté des grenades contre des bâtiments officiels à Caracas, sans faire de victimes. A l’époque, les manifestations de rue se succédaient sans que l’opposition trouve un débouché politique à la protestation sociale. Cent trente personnes étaient mortes.

Aussitôt qualifié de « terroriste » par le gouvernement, sa tête mise à prix, Oscar Pérez est parvenu pendant plus de six mois à échapper aux divers services à ses trousses. En décembre, il avait refait parler de lui en revendiquant sur Twitter un assaut mené contre une unité militaire vénézuélienne et au cours duquel de nombreuses armes automatiques ont été volées.

Lundi 15 janvier, sa cavale s’est terminée. Découvert dans le quartier El Junquito, à Caracas, il est aussitôt assiégé. Sur Instagram, il alerte l’opinion publique. « Nous négocions notre reddition », dit-il dans un premier temps, car il n’est pas seul. Plus tard, le visage en sang, son message est un cri du cœur : « On est en train de nous tirer dessus avec des lance-grenades. On a prévenu qu’on allait se rendre mais ils ne veulent pas nous laisser nous rendre, ils veulent nous tuer ! » Ensuite, il s’adresse à ses trois enfants et affirme, en guise de testament : « Je veux demander aux Vénézuéliens qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils luttent, qu’ils sortent dans les rues, il est temps que nous soyons libres ! »

Groupes paramilitaires

Après des heures de silence, la police a fini par confirmer sa mort, ainsi que celle de plusieurs autres rebelles. L’Observatoire vénézuélien de conflictualité sociale, une organisation non gouvernementale, évoque à propos d’Oscar Pérez « une possible exécution extrajudiciaire ». L’ONG de défense des droits de l’homme Provea déplore que « l’Etat n’ait pas épuisé la voie d’une solution pacifique ».

M. Maduro a justifié l’action des forces de l’ordre parce que les assiégés ont utilisé des armes à feu et disposaient d’une voiture chargée d’explosifs. A l’entendre, le groupe d’Oscar Pérez était financé par la Colombie : « Ces animaux veulent remplir de violence notre pays, ils n’y arriveront pas », a déclaré le président, précisant que le groupe prévoyait « de faire exploser une voiture piégée devant une ambassade d’un pays cher et prestigieux » à Caracas.

Détail remarquable, parmi les policiers tués au cours de la fusillade se trouve le chef du « collectif » chaviste qui contrôle le quartier populaire 23 de Enero, à Caracas. Heiker Vasquez, dirigeant du « Colectivo Tres Raices », était aussi un policier, confirmant ainsi la nature de ces bandes : des groupes paramilitaires ou parapoliciers qui manipulent les aides alimentaires et s’assurent de la fidélité électorale des bénéficiaires.