Deux femmes porteuses de marchandises, surnommées localement les « femmes-mulets », sont mortes lundi matin 15 janvier après une bousculade survenue à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta, a-t-on appris de sources concordantes.

La bousculade a eu lieu au poste frontière Tarajal II, réservé aux passeurs piétons, entre la ville marocaine de Fnideq et la cité espagnole de Ceuta, a indiqué à l’AFP Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord des droits de l’homme.

Les deux Marocaines, prénommées Ilham et Souad, âgées d’une quarantaine d’années, étaient originaires de Fnideq, selon M. Benaïssa. Elles s’apprêtaient à traverser la frontière pour y ramener de la marchandise sur leur dos.

« Une enquête a été ouverte par les autorités compétentes sous la supervision du parquet », selon un communiqué des autorités locales qui ne donne aucun détail sur la bousculade ni sur les circonstances de la mort des deux porteuses.

« Situation humiliante et dégradante »

En 2017, au moins quatre porteuses sont mortes, piétinées dans des bousculades sur ce poste frontière entre Fnideq et l’enclave espagnole, qui jouit d’un statut de port franc.

Des ONG marocaines et espagnoles dénoncent régulièrement la « situation humiliante et dégradante » de ces femmes qui travaillent au péril de leur vie. Au Maroc, on les appelle les « hamalates » (« porteuses »), de l’autre côté de la frontière les « mujeres mulas » (« femmes-mulets »), en raison des colis, parfois plus lourds qu’elles, qu’elles transportent, harnachées comme des bêtes de somme.

Elles seraient 15 000 à exercer ce travail et passent la frontière à tour de rôle. Les autorités de Ceuta avaient fixé début 2017 le quota quotidien de transit à 4 000 porteurs. Ces « femmes-mulets » alimentent un commerce frontalier structuré et prospère, qui enrichit des contrebandiers locaux.