« Déni de démocratie » ou « décision courageuse », les réactions affluent après l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
« Déni de démocratie » ou « décision courageuse », les réactions affluent après l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Les vives réactions, sévères ou laudatrices, se sont multipliées après l’annonce du gouvernement de mettre un terme au projet très controversé de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Les réactions n’ont pas attendu l’annonce officielle de la décision du gouvernement sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mercredi 17 janvier. Après les déclarations de plusieurs élus locaux assurant que le projet était abandonné, les premières réactions, soulagées ou ulcérées, positives comme négatives.
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Notre-Dame-des-Landes : « Le projet sera abandonné », annonce Edouard Philippe
Durée : 02:19
Les élus locaux et la droite vent debout contre l’abandon de Notre-Dame-des-Landes
Les premières réactions sont venues des élus locaux qui soutenaient le projet de Notre-Dame-des-Landes. La critique la plus sévère est venue de Philippe Grosvalet (président socialiste du conseil départemental de Loire-Atlantique), qui s’est exprimé avant l’annonce officielle, qualifiant le choix du gouvernement de « très mauvaise décision ». Parlant notamment de « trahison », M. Grosvalet a affirmé que cette décision allait avoir de « mauvaises conséquences pour nos territoires et notamment pour le développement économique et donc le monde de l’entreprise », accusant le président de « piétiner [les] collectivités locales » et « l’esprit de la décentralisation »
Johanna Rolland, la maire PS de Nantes, a elle aussi tenu à réagir à l’annonce d’Edouard Philippe, parlant de « trahison du Grand Ouest et déni de démocratie », ajoutant que « Nantes relèvera[it] ce défi ».
Christelle Morançais, présidente Les Républicains (LR) de la région Pays de la Loire, a quant à elle parlé de « décision insupportable et inacceptable ». « C’est la victoire des zadistes sur l’Etat de droit, un coup de poignard pour le développement économique et l’attractivité du Grand Ouest », a-t-elle ajouté.
Joël Guerriau, sénateur Union des démocrates et indépendants (UDI, centre droit) de Loire-Atlantique, a critiqué l’annonce, affirmant que « c’est beaucoup d’argent public qui va maintenant être jeté à l’eau » et parlant d’une « remise en cause » de la parole d’Emmanuel Macron, qui avait dit pendant la campagne vouloir respecter le oui de consultation populaire menée en 2016.
A droite, les critiques concernant la décision d’Edouard Philippe et d’Emmanuel Macron mettent en avant un recul de l’autorité de l’Etat. Eric Woerth, député LR et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, parle d’un « renoncement de l’Etat » qui a « le goût amer d’un triste recul » et « pose de sérieuses questions sur la capacité de l’Etat à décider ». M. Woerth a dit s’inquiéter également du coût de l’abandon et demande au gouvernement de « rendre public les coûts directs et indirects de l’abandon du projet d’aéroport ». Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée, a commenté la nouvelle, parlant de « grande victoire des zadistes » et de « scandale démocratique ».
Une décision « courageuse » et « difficile » saluée à gauche
A contrario, l’abandon de la construction de l’aéroport a été très majoritairement salué à gauche et dans les rangs de la majorité présidentielle. Les députés de La France insoumise Adrien Quatennens et Eric Coquerel parlent de « sage décision » et d’une « grande victoire pour les opposants, pour l’environnement et pour l’intérêt général ».
Les écologistes (anciens ou actuels membres d’Europe Ecologie-Les Verts, EELV) ont également salué la décision du gouvernement. Cécile Duflot, ancienne députée EELV et ex-ministre du logement, a affirmé que « la raison a[vait] prévalu » et a remercié « celles et ceux qui ont œuvré (…) pour que cela advienne ». Yannick Jadot, député Vert au Parlement européen, a accueilli une « décision responsable » qui « récompense des années de résistance locale, d’expertise citoyenne et de mobilisation nationale », appelant dès à présent à « l’apaisement ».
Les deux anciens membres d’EELV Barbara Pompili (députée La République en marche, LRM) et François de Rugy (président de l’Assemblée nationale, LRM) ont eux aussi accueilli favorablement l’annonce d’Edouard Philippe, la première parlant d’une « décision courageuse et difficile », le second soulignant le fait que cette décision « démontre qu’il est possible de concilier la croissance du trafic aérien et le respect des grands enjeux écologiques ».
Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot et qui a lui aussi quitté EELV pour La République en marche, a salué « la méthode irréprochable », « les mots apaisants du premier ministre » et « la vision globale développée sur les mobilités de demain ».
Florian Philippot, qui a quitté le Front national pour fonder son mouvement, Les Patriotes, a qualifié la décision de « moins mauvaise décision », tout en regrettant « l’immense gâchis de temps et d’argent que ce projet aura représenté » et poussant pour que l’Etat « retrouve son rôle d’aménageur du territoire ». Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, abonde et a tenu à « saluer cette décision de bon sens ».
Sur le site de la Vache Rit, lieu symbolique du combat contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Jean-François Guitton, agriculteur membre du collectif Copain 44, a les larmes aux yeux après l’annonce de l’abandon du projet par le premier ministre :
« On en a chié quand même. Depuis le temps qu’on tremble face aux annonces d’expulsion. On avait raison, ce n’est pas un projet du XXIe siècle. On a gagné la première manche, la plus importante. On a sauvé 1 650 hectares de l’artificialisation. »