Le chef de file du PP catalan, Xavier Garcia Albiol (à droite), au côté de Marta Rovira (ERC) et Raul Romeva (ERC), le 17 janvier à Barcelone. / LLUIS GENE / AFP

Qui est le neuvième député à avoir voté blanc lors de l’élection du président du Parlement catalan ? Aussitôt les résultats connus, la question a agité l’hémicycle. Le vote blanc des huit députés de gauche radicale de la liste Catalogne en commun-Podem, opposés au candidat indépendantiste comme à celui de Ciudadanos pour présider la Chambre régionale, était annoncé et attendu. Les indépendantistes, sourire ironique au coin des lèvres, ont vite suggéré qu’un élu du Parti populaire (PP, droite) était sans doute le neuvième à afficher de la sorte son mécontentement.

Humilié, le PP n’a en effet pas obtenu de Ciudadanos qu’il lui « prête » un député pour lui permettre de constituer un groupe parlementaire, possible à partir de cinq élus. Sauf changement d’avis de dernière minute, avec seulement quatre députés, les conservateurs devront donc siéger au sein d’un groupe mixte… en compagnie des députés du parti d’extrême gauche anticapitaliste, antieuropéen et séparatiste CUP (Candidature d’union populaire). Leurs pires ennemis dans la région.

Disposer d’un groupe parlementaire n’est pas une simple question de prestige pour la formation de Mariano Rajoy. C’est aussi l’assurance de davantage de ressources financières et d’une participation dans toutes les commissions, ainsi qu’un surcroît de temps de parole lors des sessions de contrôle du gouvernement régional. Une présence que le PP et la CUP devront donc négocier et se partager.

« Mesquinerie »

Les réactions du PP, en Catalogne et à Madrid, n’ont pas tardé. Le porte-parole du PP au Parlement espagnol, Rafael Hernando, a critiqué la « mesquinerie » de Ciudadanos et rappelé que grâce au PP, Ciudadanos préside plusieurs commissions et détient la vice-présidence du Congrès des députés, à Madrid. De son côté, le coordinateur général du PP, Fernando Martinez-Maillo, s’en est pris sur Twitter à « l’égoïsme de Ciudadanos » et parlé de « grande erreur ».

« Nous avons besoin d’un groupe parlementaire, sinon les indépendantistes auront la majorité absolue dans toutes les commissions », a aussi averti le chef de file du PP catalan, Xavier Garcia Albiol. Pour Ciudadanos, la raison de son refus est que « les Catalans n’ont pas à payer pour quelque chose qui n’a pas été remporté dans les urnes ».

Cette bataille entre le PP et Ciudadanos illustre les tensions de plus en plus vives entre les deux formations, qui se battent pour capitaliser le vote anti-indépendance, « unioniste », dans le reste du royaume. Or, Ciudadanos est perçu comme un vrai rival pour le PP depuis que des sondages donnent aux libéraux la victoire en Espagne, en cas d’élections législatives anticipées.