Les élèves des grandes écoles veulent un emploi pour être « utiles » et servir l’intérêt général
Les élèves des grandes écoles veulent un emploi pour être « utiles » et servir l’intérêt général
Par Adrien de Tricornot
Ces futurs diplômés souhaitent trouver du sens à leur travail. Critiques envers les modes de management contemporain, ils regardent aussi du côté de l’économie sociale et solidaire.
Des élèves de l’Ecole polytechnique sur le campus de leur école, à Palaiseau. / JOËL ROBINE / AFP
Pour leur futur métier, les élèves des grandes écoles sont en quête de sens, souhaitent être utiles, œuvrer pour l’intérêt général, attendent de rencontrer un management davantage bienveillant et responsable qu’aujourd’hui, et s’intéressent à l’économie sociale et solidaire (ESS), indique une enquête réalisée par Ipsos pour le Boston Consulting Group et la Conférence des grandes écoles. Dévoilé pour la remise du Prix de l’entrepreneur social, mardi 23 janvier, ce baromètre intitulé « Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi » montre ainsi de futurs diplômés qui ne s’intéressent pas seulement à leur carrière. Si cette consultation a été réalisée auprès d’un large panel d’élèves des grandes écoles (1 680 répondants dans 160 établissements), ce vivier ne constitue toutefois pas un échantillon représentatif et n’a donc pas valeur de sondage.
Apporter « des changements à la société »
Pour choisir leur futur emploi, les élèves interrogés citent d’abord comme critère « primordial ou important » l’intérêt du poste (91 % des répondants), l’ambiance et le bien-être au travail (85 %) et le fait d’être en phase avec ses valeurs (75 %). Et à la question de ce qui les rendrait « fiers » de leur vie professionnelle, la réponse « Avoir été utile, avoir apporté des changements à la société » arrive en tête, citée par 97 % des répondants, juste avant « avoir innové » (95 %), « avoir permis à des personnes de se développer professionnellement » (90 %), et créer des emplois par 87 %.
De plus, ils se fixent comme but, dans leur travail, d’œuvrer d’abord pour l’intérêt général (52 % des répondants), d’améliorer la vie des gens (49 %) de « changer les choses » (42 %), bien avant de « créer de la valeur, de l’emploi » (23 %). Alors que ce critère est retenu par 41 % des alumni (les anciens élèves) qui ont aussi été consultés (1 586 répondants). Les élèves des grandes écoles sont majoritaires à avoir un engagement associatif (56 %), bien davantage que leurs aînés (38 % des alumni).
Pour les élèves, des itinéraires de carrière classiques seraient aussi des motifs de fierté : diriger ou avoir des responsabilités (pour 79 %), créer leur entreprise (77 %), faire une carrière à l’étranger (68 %). Toutefois, les rêves de gloire (« que l’on parle de moi dans les médias », 59 %) et de richesse (« avoir gagné beaucoup d’argent », 58 %) n’arrivent qu’en fin de tableau. Quant au type de structure où exercer, leurs vœux sont proches de la réalité : 54 % des élèves des grandes écoles souhaiteraient plutôt travailler dans un grand groupe, 32 % dans une petite entreprise, et 22 % créer leur entreprise. Et le choix d’une start-up comme d’une association ou d’une ONG n’est mentionné que par 13 % d’entre eux.
Prise de distance avec le management
Mais ils prennent aussi leurs distances avec les entreprises traditionnelles, souhaitent des modes de fonctionnement rénovés : le management « collaboratif » est celui qu’ils aimeraient le plus rencontrer (59 %) dans leur futur emploi, alors que le management « directif » n’est souhaité que par 3 % d’entre eux… Pour eux, en effet, le traitement égalitaire hommes-femmes, la reconnaissance des erreurs, la bienveillance et la prise en compte du bien-être des collaborateurs ou le comportement éthique et responsable font partie des « aptitudes essentielles » aujourd’hui peu acquises par les managers, et à développer en priorité.
Sur ces sujets, ils accordent plus de crédit à l’économie sociale et solidaire (ESS) : 63 % pensent que le type de management n’y est pas le même. Ce qui conduit un étudiant sur deux à souhaiter travailler dans l’ESS ou l’entrepreneuriat social, et sept étudiants sur dix à vouloir y faire un stage. Mais ils avouent connaître encore mal ces secteurs : 82 % ont certes entendu parler d’économie sociale et solidaire, mais 56 % ne voient que « vaguement » ce dont il s’agit. La perspective de salaires inférieurs rebute certains, mais pas la majorité : 59 % accepteraient une baisse de salaire « supérieure à 5 % » pour rejoindre l’ESS. Ils aimeraient y œuvrer dans le domaine de l’environnement (59 %), de l’éducation (56 %) et de la santé (35 %).