Ce que l’on sait du rapport sur la réforme du lycée et du baccalauréat
Ce que l’on sait du rapport sur la réforme du lycée et du baccalauréat
L’ex directeur de Sciences Po Lille Pierre Mathiot doit remettre au ministre de l’éducation ses pistes pour la refonte des programmes et du bac.
Des lycéens passent l’examen de philosophie du baccalauréat au lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg, le 15 juin 2017. / FREDERICK FLORIN / AFP
La réforme de la formation au lycée et du baccalauréat sera-t-elle lancée demain ? Mercredi 24 janvier, l’ancien directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, doit remettre au ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, un rapport proposant la refonte des programmes du lycée et un baccalauréat entièrement repensé.
S’ouvrira alors une période de concertation avec les syndicats représentant les enseignants, après laquelle le ministre devra rendre des arbitrages dans les mois à venir. Certaines mesures pourraient entrer en vigueur dès la rentrée 2018, pour les bacheliers de l’année scolaire 2020-2021.
A la veille de la présentation officielle, voici les grandes lignes qui semblent se dessiner, et les aspects qui restent à préciser.
Les pistes proposées pour la réforme du lycée
Selon la lettre de mission du ministre, Jean-Michel Blanquer, remise à Pierre Mathiot, le lycée devrait pouvoir s’orienter « vers une plus grande personnalisation des parcours ». L’enseignement au lycée devrait donc adopter un fonctionnement « modulaire », défendu depuis longtemps par certains syndicats, dont le SGEN-CFDT (gauche réformiste).
- Les filières L, ES et S disparaîtraient. Les lycéens pourraient choisir deux matières « majeures » et deux « mineures » (et une matière optionnelle), pour les années de première et de terminale. Des enseignements de tronc commun seront maintenus jusqu’en terminale. Les élèves auraient le choix entre une dizaine de combinaisons de majeures possibles, au niveau national. Localement, les lycées pourraient proposer d’autres combinaisons, des « majeures d’établissement ».
- En seconde, des matières deviendraient optionnelles dès le second semestre (car l’année serait organisée en semestres dès la rentrée 2018). L’élève pourrait donc commencer à dessiner un parcours de spécialité en vue de son passage en première, mais il y aurait néanmoins la possibilité de changer d’avis ensuite. Une des deux majeures pourrait, par ailleurs, être changée entre la première et la terminale.
- La distinction entre baccalauréat général et technologique serait maintenue, mais avec des passerelles (majeures partagées, cours communs…). Ce système de majeure-mineure s’appliquerait également aux enseignements technologiques.
- Un troisième module devrait être consacré à l’orientation et à la méthodologie pour le grand oral.
Les pistes proposées pour la réforme du baccalauréat
- Il y aura deux épreuves en première et quatre en terminale. Les épreuves anticipées de français restent inchangées. Elles auront toujours lieu en première. En terminale, la piste proposée par le rapport Mathiot consisterait en deux épreuves au printemps (sur les deux majeures), et deux épreuves en juin, un grand oral et une épreuve écrite de philosophie. A titre de comparaison, les élèves passent entre dix et quinze épreuves aujourd’hui, en fonction de leurs options.
- Un grand oral de trente minutes en fin de terminale, où le candidat présenterait un projet interdisciplinaire lié à l’une de ses majeures. L’examen serait mené par un jury composé de trois personnes, dont une extérieure au lycée.
- Les autres matières seraient évaluées en contrôle continu (avec notes de première et de terminale) ou grâce à des examens ponctuels en fin de semestre, avec barèmes nationaux et copies anonymes. Une troisième piste pourrait consister à proposer un mélange des deux : des épreuves ponctuelles et du contrôle continu.
- Les épreuves de rattrapage vont disparaître, remplacées par un examen du livret scolaire de l’étudiant. En 2017, près de 96 000 lycéens dont les moyennes se situaient entre 8 et 10/20 ont passé l’oral, avec 69 % de réussite.
Les points qui restent à préciser
- Le barème fait partie des inconnues, et notamment le poids des épreuves terminales et le grand oral, qui pourraient compter jusqu’à 60 % de la note finale du baccalauréat.
- Il est difficile d’affirmer, sans avoir lu le rapport, quels seront les couples de majeures proposées au niveau national. On peut imaginer, comme l’ont fait certains médias, qu’il y aura des couples comme mathématiques-physique-chimie, histoire-géographie-sciences économiques et sociales, lettres-langues ou lettres-arts…
- Certains médias ont évoqué l’introduction d’un cours de culture et de démarche scientifique en première et en terminale, destiné à lutter contre la popularité des théories du complot chez les élèves. Nous n’en avons pas confirmation.
- On a également évoqué le nombre d’heures consacrées à l’orientation et à la méthodologie (selon Le Journal du dimanche, ce serait deux à trois heures par semaine). A ce stade, on sait qu’un « temps hebdomadaire » est prévu pour l’orientation, l’accompagnement et la méthodologie, mais pas de précisions sur sa durée. C’est un point important : la nécessité d’accompagner les élèves pour la préparation du grand oral est déjà mise en avant par les syndicats, qui s’inquiètent de cette épreuve qui, sans préparation adéquate, pourrait se révéler « discriminante ».
- La composition du tronc commun reste à détailler. Selon les informations publiées dimanche par l’hebdomadaire, il serait composé des matières suivantes : EPS, histoire-géographie, LV1, LV2, mathématiques, français en première. Puis EPS, histoire-géographie, LV1, LV2, mathématiques et philosophie en terminale. Toujours selon le journal, il pourrait y avoir plus d’heures de tronc commun que de spécialité en première et l’inverse en terminale.