Chung Hyeon affontera Roger Federer en demi-finale de l’Open d’Australie. / Vincent Thian / AP

Personne ne fut véritablement surpris de voir quelques têtes d’affiche du tableau masculin (Djokovic, Nadal, Wawrinka), empêtrées dans les blessures et quitter prématurément Melbourne. Mais que dire de la qualification pour les demi-finales de Chung Hyeon, modeste 58e mondial à son arrivée en Australie. Le Sud-Coréen aura l’occasion de se faire définitivement un nom, vendredi 26 janvier, contre un Roger Federer parti à la conquête d’un vingtième titre du Grand Chelem.

L’anglais encore hésitant et le regard légèrement perdu : c’est peu dire que Chung Hyeon n’est pas à l’aise quand Jim Courier, ancien no 1 mondial, s’avance au centre du court pour recueillir les premières impressions du vainqueur. Le jeune joueur (21 ans) répète après chaque victoire suivre actuellement des cours auprès d’un ami pour maîtriser la langue de Shakespeare. Une pirouette pour se dépêtrer d’un cérémonial auquel il devra – sans doute – désormais s’habituer.

L’héritier de Djokovic ?

Assuré d’intégrer le top 30 après l’Open d’Australie, soit le meilleur classement atteint par un Sud-Coréen, Chung Hyeon n’est pas vraiment un inconnu sur le circuit. Vainqueur en novembre dernier de la première édition des « Next Gen ATP Finals », un tournoi réunissant les meilleurs jeunes, il pointait déjà à la 51e place mondiale en 2015, à tout juste 19 ans. Deux ans de stagnation sur fond de blessures ont suivi, avant de le voir – enfin – concrétiser les promesses affichées chez les juniors (finaliste à Wimbledon, en 2013).

Avant d’accéder au dernier carré à Melbourne, Chung Hyeon n’a pas bénéficié d’un tableau facile. Confronté à l’Allemand Alexander Zverev dès le troisième tour, il est sorti vainqueur du « match des espoirs » en infligeant un sévère 6-0 dans le dernier set, face à un adversaire pourtant bien mieux classé (quatrième mondial). Le Sud-Coréen a ensuite écarté en trois manches son idole, Novak Djokovic, encore en délicatesse avec son coude. Cette victoire a d’autant plus impressionné qu’il a triomphé du maître de la Rod Laver Arena (six titres à l’Open d’Australie) en matant le Serbe dans son propre style de jeu.

Très musclé au niveau des jambes, Chung Hyeon montre une vitesse de déplacement peu commune pour un joueur affichant 1,88 mètre sous la toise. Il balaie les quatre coins du terrain jusqu’à provoquer la faute de son adversaire, quand il ne met pas fin à l’échange d’un revers cinglant.

14e demi-finale à Melbourne pour « Rodgeur »

Confrontation de deux générations (quinze ans d’écart), la demi-finale contre Roger Federer offrira aussi une belle opposition de style. Le Suisse sait qu’il ne devra pas prendre le risque de longs rallyes en fond de court. « Il a des qualités impressionnantes, notamment en défense, qui font penser à Novak Djokovic, constate le tenant du titre. Mais je n’ai pas encore eu le temps de voir comment il servait et retournait. Deux aspects majeurs du jeu. »

Pour Federer, l’objectif vendredi ne sera pas seulement de rappeler le jeune Chung Hyeon à ses chères études. Le Bâlois aura à cœur de poursuivre son parcours sans faute en Australie, où il n’a pour l’instant pas perdu le moindre set. Au sommet de son art à 36 ans, il disputera sa 43e demi-finale de Grand Chelem – la 14e à Melbourne –, en quête d’un 20e titre majeur. Etourdissant.

Roger Federer-Chung Hyeon, à suivre en live sur Le Monde. fr, vendredi 26 janvier, à partir de 9 h 30.