Dans « Monster Hunter World », les joueurs traquent de spectaculaires créatures fantastiques aux allures de dinosaures. / Capcom

Nous sommes quatre à la poursuite de l’anjanath. Après avoir repéré les traces du
prédateur dans la vase et quelques branches brisées sous le poids de ses pattes arrière, le voilà, terré dans sa tanière. C’est une des bêtes les plus féroces qui soient, tout du moins pour nous autres, terriens.

Le monstre – une sorte de tyrannosaure – a des griffes le long de sa queue, une fourrure éparse sur le dos et une gueule rougeâtre et menaçante qui transformerait n’importe quel humain en steak tartare. Depuis les hauts plateaux jusque dans son antre, la poursuite commence. Un des chasseurs pose un piège pour l’électrocuter, un autre monte sur son dos et roue sa tête de coups de marteau tandis que le plus malin accule la bestiole dans les lianes, la meilleure embûche naturelle.

Je me contente de rester vivant en plaçant des combos de katana. Le monstre perd sa queue et essaye de s’enfuir. Le combat est dantesque et la victoire, en quinze minutes seulement, n’en est que plus savoureuse, surtout après nos deux échecs précédents. Voilà le genre de moments que réserve Monster Hunter World, le jeu de chasse aux monstres imaginaires qui sort, vendredi 26 janvier, sur PlayStation 4 et Xbox One. Le genre de jeu qui consiste à partir à la chasse, tuer sa cible, revenir et transformer la peau d’un kobi-kadachi en armure pour les prochains affrontements – et peut par ailleurs choquer pour sa représentation de la souffrance animale, toutes virtuelles que soient ces bestioles.

Monster Hunter : World - BETA
Durée : 02:10:41

Meilleur jeu de chasse au monde

Dans le monde de Monster Hunter World, la nature est superbe et luxuriante. Les herbivores gambadent calmement dans la vallée, entourés par des insectes. Les petits remuent dans la boue en contrebas. La cueillette est conseillée le temps de faire un tour de repérage. On a la sensation de pouvoir grimper facilement, aidé par un généreux grappin, et de pouvoir fouiller partout.

Après la chasse aux prédateurs, la deuxième chose la plus amusante dans Monster Hunter World est justement de débusquer les monstres à l’aide des traces qu’ils ont laissées. On devient vite un expert par habitude, en remplissant une jauge de connaissance. Au bout d’un moment, on finit tout aussi bien botaniste que mycologue.

« Monster Hunter World » est le premier épisode sur PS4 et Xbox One. Il offre le terrain de jeu le plus immersif de l’histoire de la saga. / Capcom

Monster Hunter World est le seul jeu d’action où il faut fouiller du caca de bestiole avant de trouver son adversaire. Un monde étrange et foisonnant où des chats nous préparent des festins qui ajoutent des bonus avant le combat. Connaître la chaîne alimentaire, comprendre l’environnement, tout cela représente finalement la moitié du combat.

Parfois, les carnivores se dévorent entre eux, l’occasion peut-être d’en profiter pour lancer l’assaut. Le plus incroyable, c’est que les animaux réagissent, s’adaptent avec intelligence et bien évidemment contre-attaquent. A haut niveau, Monster Hunter World se pratique, peut-être pas comme un art, mais tout du moins comme un sport, où l’on trucide de la bébête imaginaire avec panache.

Un vieux jeu qui a fait sa mue

Né sur PlayStation 2 quand Jacques Chirac était encore président, la série Monster Hunter est devenue un phénomène, essentiellement au Japon, en jeu nomade sur PlayStation Portable et Nintendo 3DS. La série ne fonctionnait que très modestement en Occident, malgré la flamme entretenue par son noyau de fans.

Pour son retour sur consoles de salon, Capcom a réinventé son univers, repensé son jeu, redessiné les jungles et agrandi l’espace. Ici tout est beau, une véritable métamorphose dont la série avait besoin. Capcom a refait le coup de Resident Evil l’an passé, une remise à plat d’une de ses séries phares. Pas de doute, le ravalement de Monster Hunter est parfaitement réussi, si ce n’est certains archaïsmes persistants çà et là, des réminiscences du passé, presque une tradition.

Réputée difficile d’accès, la série « Monster Hunter » se fait plus abordable et plus facile avec cet épisode, mais pas moins spectaculaire.

La souplesse du maniement est ce qui frappera le plus les fans de la première heure, ceux qui se sont esquinté les doigts sur les portables de Sony et Nintendo. La saga Monster Hunter a toujours été marquée par une mécanique ardue, ultrarigoureuse, où des éléments critiques du jeu pouvaient échapper au joueur étourdi. Monster Hunter World est au contraire l’épisode le plus accessible, pour ne pas dire le plus facile.

Chasse, pêche, modernes traditions

On apprend tout seul à se servir d’une des quatorze armes, en mémorisant rapidement ses mouvements, puis en apprenant lentement à les utiliser. La nouveauté favorite des chasseurs, ce sont les navicioles, des lucioles qui aident le héros en récoltant des indices et indiquant plus ou moins la direction à suivre. Précisément le genre d’accessoires élaborés pour les nouveaux joueurs.

Dans le même ordre d’idées, il est désormais possible de courir sans s’épuiser tant que l’affrontement n’a pas commencé. Tout est dans le confort. Le plus amusant est sans doute de chevaucher différents membres de la bête pour l’épuiser avant de lui asséner un coup fatal. Autre option, moins barbare mais plus difficile : il est toujours possible de capturer ses proies.

Derrière « Monster Hunter World », tout un imaginaire survivaliste mêlé à un humour parfois décalé. / Capcom

On peut très bien traverser son mode histoire tout seul en une quarantaine d’heures, mais
ce n’est pas comme ça que l’on profite de l’expérience « MonHan », comme les Japonais surnomment la série. Surtout, aucune chasse ne se ressemble en présence de ses compagnons, d’autres joueurs venus rosser les monstres avec vous. Ce serait une erreur de passer à côté du facteur humain, de la communauté de Monster Hunter, des chasseurs beaucoup plus sympathiques et engagés que sur de nombreux jeux en ligne. Entre solidarité et formation accélérée, la force du jeu, c’est surtout ceux qui y jouent.

Malgré quelques petits couacs, comme l’impossibilité de rejoindre un ami qui ne s’est pas encore farci toutes les cinématiques d’une mission, Monster Hunter World s’impose comme la meilleure version possible, celle que tous les chasseurs virtuels imaginaient depuis des années. Monster Hunter World n’est peut-être pas le meilleur jeu du monde, sauf quand on finit par vaincre le nergigante, le pire des nouveaux prédateurs du jeu. Une fois sa queue coupée, sa carcasse vidée et sa peau transformée en une jolie cape, à ce moment précis, l’extase du chasseur de monstres virtuels est totale.

En bref :

On a aimé :

  • Débusquer les monstres
  • Traquer les monstres
  • Trucider les monstres
  • Et le faire à plusieurs

On n’a pas aimé :

  • Quelques archaïsmes ça et là, notamment dans la synchronisation des joueurs
  • Des cinématiques inzappables, à l’ancienne
  • Les voix françaises un peu loupées

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous aimez faire équipe avec des amis
  • Les mécaniques simples mais longues à assimiler ne vous font pas peur
  • Vous aimez le défi, surtout depuis que Dark Souls, c’est fini

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous êtes un joueur solo
  • Vous avez un PC et là, il faut attendre automne 2018

La note de Pixels :

9 Kulu-Ya-Ku sur 10 Jagras