Réforme de l’assurance-chômage : le texte patronal critiqué par les syndicats
Réforme de l’assurance-chômage : le texte patronal critiqué par les syndicats
Par Bertrand Bissuel
Jeudi, les discussions entre organisations d’employeurs et de salariés se sont enlisées sur l’encadrement des contrats courts.
Engagés, depuis deux semaines, dans des discussions sur la réforme de l’assurance-chômage, les partenaires sociaux viennent d’observer l’un des rites les plus importants d’une négociation interprofessionnelle : celui au cours duquel est présenté le « texte-martyr ». Généralement, le cérémonial se déroule de la façon suivante : le patronat jette dans la fosse aux lions une première proposition de compromis que les représentants des syndicats raturent abondamment.
C’est ce qui s’est passé, jeudi 25 janvier, durant une rencontre plénière entre organisations d’employeurs et de salariés. Les premières ont dévoilé un projet d’accord dont l’un des volets – consacré à la lutte contre la précarité – a été très critiqué par les centrales syndicales.
Sur cette thématique, la copie du patronat mentionne tout d’abord que « près de 80 % » des CDD d’un mois ou moins sont concentrés dans quatre secteurs : l’intérim, l’hôtellerie-restauration, l’action sociale et médico-sociale, le monde du spectacle et de l’audiovisuel. Le texte recommande ensuite d’ouvrir des négociations de branche afin d’identifier les « moyens » susceptibles de favoriser « l’installation durable dans l’emploi ». En cas d’accord, des « objectifs quantitatifs mesurables » sont fixés. Les discussions doivent être conclues le 31 décembre 2018, au plus tard.
Ces idées n’ont « pas rencontré un succès fou », a relaté Jean-François Foucard (CFE-CGC), avec un joli sens de l’euphémisme. « Notoirement insatisfaisant, voire provocateur », a lancé Véronique Descacq (CFDT). « Enfumage », a abondé Denis Gravouil (CGT). « Il n’y a rien, c’est vide », s’est indigné Eric Courpotin (CFTC).
Trois autres séances de négociations
Les syndicats ont dénoncé l’absence de mécanismes contraignants à l’encontre des entreprises où le turn-over dans les effectifs reste élevé. Ils se sont également étranglés à la lecture d’un des alinéas du texte patronal : celui-ci suggère d’indiquer, dans les documents remis par l’employeur à la fin d’un contrat, « les situations [où] un salarié refuse la proposition qui lui est faite de poursuivre son activité ».
« Je suis assez scandalisé par l’écriture de cet article qui essaie de faire porter la responsabilité de la précarité sur les salariés », a déclaré Michel Beaugas (FO).
Faux procès, a objecté Alexandre Saubot (Medef) : le but est d’« apprécier la réalité des comportements ».
Trois autres séances de négociations sont prévues, la dernière devant se tenir le 15 février, en principe. Elles ne seront pas de trop pour tenter de rapprocher les points de vue.