Journée de l’Holocauste : l’Autriche et l’Allemagne sonnent l’alarme
Journée de l’Holocauste : l’Autriche et l’Allemagne sonnent l’alarme
Le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz, qui a formé une coalition avec l’extrême droite, et la chancelière allemande Angela Merkel ont mis en garde contre le retour de l’antisémitisme.
A l’occasion samedi de la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste, les autorités de l’Autriche et de l’Allemagne ont, chacune de leur côté, lancé un appel à la vigilance.
Le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz, critiqué par la gauche pour avoir formé une coalition avec l’extrême droite, a rappelé la « responsabilité historique particulière » de l’Autriche dans le génocide des juifs. « Les Autrichiens ont aussi été des acteurs et ont été associés aux crimes atroces de la Shoah, a-t-il tweeté. Nous portons une responsabilité historique particulière, que le nouveau gouvernement reconnaît clairement. »
Ce rappel intervient alors que l’Autriche, annexée par le Troisième Reich en mars 1938, s’est longtemps considérée comme la « première victime du nazisme ». En réalité, le pays avait accueilli avec enthousiasme l’Anschluss d’Adolf Hitler, un Autrichien de naissance, et avait été pleinement intégré à l’appareil militaire et répressif nazi.
Incidents liés à l’antisémitisme en Autriche
Les propos de M. Kurz, qui a formé en décembre un gouvernement en coalition avec le parti d’extrême droite FPÖ, s’inscrivent également dans un contexte de multiplication des incidents en lien avec l’antisémitisme et le nazisme en Autriche.
Le parquet a ainsi mis en examen cette semaine quatre membres d’une corporation pangermaniste après la révélation de l’existence d’un corpus de chants nazis au sein de leur cellule locale. Ces chants ont provoqué une vague d’indignation dans le pays, d’autant plus vive que la cellule concernée compte parmi ses dirigeants la tête de liste FPÖ à des élections régionales prévues en Basse-Autriche dimanche, Udo Landbauer.
Le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, patron du FPÖ et lui-même membre d’une corporation pangermaniste, a condamné vendredi « toute forme d’antisémitisme » à l’ouverture du Bal des corporations, un rendez-vous prisé des figures d’extrême droite européennes, auquel ce parti convie chaque année à Vienne.
Quelque 8 000 manifestants, selon la police, ont manifesté sans incident notable pour protester contre la tenue de ce bal et dénoncer la présence du FPÖ au gouvernement. La communauté juive d’Autriche a boycotté la cérémonie officielle de commémoration au Parlement, ne souhaitant pas rencontrer des dirigeants du FPÖ, parti créé par d’anciens nazis.
Merkel met en garde contre la montée de l’antisémitisme
En Allemagne, Angela Merkel a elle aussi marqué ce jour, en dénonçant la résurgence de l’antisémitisme dans son pays, et en qualifiant de « honte » la nécessité de continuer à faire protéger les bâtiments juifs.
Il reste plus que jamais nécessaire de se souvenir des millions de victimes de la Shoah car « l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre en général sont davantage d’actualité que cela n’a été le cas dans le passé », a déclaré samedi la chancelière allemande dans son podcast hebdomadaire.
Les autorités sont préoccupées par les signes d’une montée de l’antisémitisme en Allemagne, venant d’une part des milieux d’extrême droite, mais aussi – phénomène plus nouveau – de certains immigrés originaires de pays musulmans où la haine des juifs est largement propagée. Une récente manifestation en plein centre de Berlin pendant laquelle des drapeaux israéliens ont été brûlés, en signe de protestation contre la volonté des Etats-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem, a suscité un fort émoi en Allemagne.
Créée par l’ONU en 2005, la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste est célébrée chaque année le 27 janvier, date de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz en 1945.