Orientation postbac : quelles sont les filières et les académies les plus attractives ?
Orientation postbac : quelles sont les filières et les académies les plus attractives ?
Par Adrien de Tricornot
L’analyse des « premiers vœux » exprimés sur APB par les futurs bacheliers en 2015 montre que leurs souhaits sont largement déterminés par leur filière d’origine, leur niveau et l’offre locale.
Les filières de l’université sont celles qui ont suscité le plus de vœux sur Admission post bac, en 2015. / Camille Stromboni / Le Monde
Les élèves de terminale plébiscitent d’abord l’université (40 %), devant les sections de techniciens supérieurs (STS, 30 %) qui préparent au BTS, les instituts universitaires de technologie (IUT, 16 %), les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE, 10 %) et les écoles d’ingénieurs postbac (4 %) : c’est ce que montre une analyse des « premiers vœux » émis en 2015 par chaque futur bachelier sur la plate-forme Admission post bac, laquelle a précédé Parcoursup pour candidater en première année d’études supérieures.
A l’université, les filières lettres, langues et arts (LLA) et sciences humaines et sociales (SHS) totalisent ensemble 14 % des premiers vœux des « néo-bacheliers », devançant ainsi les études de santé (8 %) ou le droit (6 %), précise la note « Choix d’orientation en terminale et mobilité géographique », publiée par le service systèmes d’information et études statistiques (SIES) du ministère de l’enseignement supérieur. Elle relève également de fortes disparités dans les choix faits par les futurs bacheliers selon leurs académies d’origine.
A Paris et en Corse, par exemple, un élève de terminale sur deux (49 %) choisit l’université comme premier choix d’études supérieures, soit plus que la moyenne nationale (40 %). Le droit et les filières d’économie, gestion, administration économique et sociale (AES) sont aussi les deux filières les plus prisées à Paris, tandis que les études de LLA et SHS arrivent en tête en Corse, les sciences et technologies à Besançon, les sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à Limoges et Lille, et les études de santé en Martinique et en Guadeloupe.
Ces choix d’orientation, explique l’étude, sont déterminés « avant tout par la série du baccalauréat et le niveau scolaire ». « Ainsi pour les académies de Paris et de Versailles, le choix d’une CPGE représente respectivement 20 % et 14 % des premiers vœux contre 10 % au niveau national. Ce sont aussi les académies où on trouve une proportion de bacheliers généraux plus élevée qu’ailleurs », peut-on lire.
De plus, Paris se distingue avec une proportion de 14 % d’élèves reçus avec mention « très bien » (6 points de plus que la moyenne nationale). Or, de façon générale, les élèves ayant une mention très bien ont plus souvent fait le premier vœu d’aller en CPGE scientifique (+ 13 points de probabilité), en CPGE économique (+ 9 points) ou en CPGE littéraire (+ 7 points) qu’un bachelier n’ayant aucune mention. Il s’ajoute un effet de déterminisme social : c’est à Paris que la part des bacheliers issus d’une famille « très favorisée » est la plus élevée (54 % contre 30 % en moyenne).
A l’opposé, les académies où les STS sont les plus demandées sont aussi celles où les bacheliers technologiques et professionnels sont proportionnellement les plus nombreux : celles des départements et régions d’outre-mer (DROM), du Grand-Est, des Hauts-de-France ou de Normandie.
Les disparités des demandes s’expliquent ensuite par celles de l’offre de formation locale. A Paris, 17 % des lycées proposent une CPGE, soit plus du double de la moyenne nationale. A l’inverse, les élèves de l’outre-mer étant moins bien dotés en universités, et ils sont 43 % à placer en premier choix les BTS.
Plus d’un quart (27 %) des néo-bacheliers formulent un premier vœu en dehors de leur académie, souvent faute de trouver un équivalent dans la leur : ces vœux de sortie sont ainsi les plus importants dans les DROM et en Corse, tandis que les élèves parisiens et des grandes métropoles régionales sont les moins enclins à demander un changement d’académie.
Dans plus de 80 % des cas, les vœux de formation dans une autre académie ciblent toutefois une destination de la même région, ce qui permet de rester au domicile familial et de limiter les coûts. Ainsi la majorité des futurs étudiants des académies de Créteil et de Versailles souhaitent les quitter, et ils sont surtout intéressés par l’offre d’enseignement supérieur parisienne. La capitale est d’ailleurs l’académie de France qui attire le plus de demandes en provenance des autres académies : elles représentent 77 % du total. A savoir, les trois quarts de ces vœux extérieurs proviennent de ses voisines, Créteil et Versailles.
La capitale est suivie par Lyon, qui reçoit 42 % de premiers vœux extérieurs à l’académie, qui est demandée par autant de bacheliers de Rhône-Alpes que des autres régions, puis par Limoges (33 %) où la majorité des entrants (60 %) vient des académies limitrophes (Toulouse, Orléans, Tours et Clermont-Ferrand). « On peut supposer que les étudiants viennent chercher des spécialités qu’ils ne trouvent pas ailleurs », dit la note, en soulignant que les premiers choix y portent notamment sur les BTS (33 % des demandes) ; les IUT (24 %) et la première année commune aux études de santé (Paces, 13 %).