Les nationalistes corses appellent à manifester pour pousser l’Etat à négocier
Les nationalistes corses appellent à manifester pour pousser l’Etat à négocier
Le Monde.fr avec AFP
Les manifestants commencent à se rassembler à Ajaccio. La sécurité est assurée par le Syndicat des travailleurs corses et le mouvement indépendantiste de Jean-Guy Talamoni.
C’est une mobilisation que les dirigeants nationalistes corses espèrent massive. Ces derniers ont appelé à une grande manifestation à Ajaccio, samedi 3 février, pour défendre leurs revendications, trois jours avant une visite d’Emmanuel Macron sur l’île, pour le 20e anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac.
Derrière le slogan « Demucrazia è rispettu pè u populu Corsu » (« Démocratie et respect pour le peuple corse »), cette manifestation, soutenue par un collectif réunissant syndicats, associations et les différents mouvements nationalistes, vise « à convaincre le président, à travers une mobilisation populaire et pacifique, d’ouvrir un dialogue », a expliqué le président autonomiste du conseil exécutif Gilles Simeoni.
Ce rassemblement se veut selon lui une réponse aux « fins de non-recevoir sur la quasi-totalité des dossiers » – co-officialité de la langue corse, rapprochement et amnistie des prisonniers, statut de résident, inscription de la Corse dans la constitution – qu’il a présentés la semaine dernière à Paris avec son allié Jean-Guy Talamoni au premier ministre Edouard Philippe et au président du Sénat Gérard Larcher.
Eviter tout débordement
Si les organisateurs espéraient avoir 10 000 personnes, le temps maussade en Corse les pousse à revoir leur attente à la baisse : « on espère 8 000 personnes parce qu’avec la météo, certains transports en commun ont été annulés », a précisé à l’Agence France-Presse l’un des responsables de l’organisation de la manifestation.
Gilles Simeoni a souligné « l’importance qu’elle soit une réussite et qu’elle se passe bien, d’éviter tout débordement qui pourrait donner des prétextes à celles et ceux qui ne veulent pas d’une logique de déblocage ».
Mais le risque politique est de passer à côté de ce moment « où les conditions n’ont jamais été aussi favorables d’un règlement par le haut » de la question corse, insiste-t-il.
Présence de Charles Pieri, figure du FLNC
A 14 heures, les manifestants commençaient à se rassembler place de la gare à Ajaccio, selon notre envoyé spécial présent sur place. En tête de cortège, la sécurité est assurée par les militants du Syndicat des travailleurs corses (STC) et du mouvement indépendantiste de Jean-Guy Talamoni, Corsica Libera. Parmi ces derniers, l’ancien dirigeant du Front de libération nationale corse (FLNC), Charles Pieri, ostensiblement chargé de l’organisation. Les dirigeants élus de la collectivité unique, eux, n’étaient pas encore arrivés.
Annoncée, la présence de Charles Pieri pourrait être un repoussoir pour certains. Ce dernier est apparu en première ligne lors d’une réunion publique de préparation de la manifestation, le 27 janvier à Corte et a annoncé dans une interview jeudi à Corse-Matin « reprendre une place de responsable dans l’exécutif » de Corsica Libera, le parti de M. Talamoni. La présence de M. Pieri « n’est pas neutre, cela suscite de l’émotion et pose des questions », note-t-on dans les couloirs de la collectivité de Corse.
Autre sujet de discorde, les chemins de fer corse (CFC), une société publique financée par la collectivité, ont annoncé mercredi des trains supplémentaires et « une réduction de 50% sur tous les trains Grandes Lignes » samedi, à l’occasion de la manifestation ajaccienne.
Malgré une mise au point assurant que CFC avait agit par motivation commerciale et non politique, la mesure a irrité au plus haut point nombre d’internautes et l’opposition politique insulaire qui s’était déjà dissociée de la manifestation, jugée malvenue à trois jours de la visite d’Emmanuel Macron.