LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette fin de semaine, La Matinale du Monde vous propose de fêter les mots avec le dernier week-end des « Contes d’hiver » au Mandapa ; d’assister au dialogue entre deux danseurs, Olé Khamchanla et Pichet Klunchun, au Tarmac ; de célébrer le Nouvel An chinois à la Philharmonie de Paris ; de voir une pièce magnifique d’Hans Henny Jahnn au Théâtre de Gennevilliers ; de plonger dans de nouvelles performances à la croisée des genres et des réalités à la Gaîté-Lyrique ; de découvrir le spectacle interactif de « l’improviconteuse » à la Mission bretonne ; de suivre le festival itinérant Les Nuits de l’Alligator du Morbihan à Paris.

RÉCITS EN MUSIQUE. Clôture du festival Contes d’hiver au Centre Mandapa, à Paris

Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de faire un tour du côté du Centre Mandapa (Paris 13e), il vous reste le temps d’un week-end pour découvrir ce lieu consacré aux arts de la parole (mais aussi à la danse et à la musique indiennes) à l’occasion de son cycle de spectacles autour du conte. Avec, en point d’orgue, une grande veillée organisée le samedi 10 février, de 19 heures à minuit, pour partager des histoires (et une collation) autour de la conteuse Catherine Zarcate et trois élèves de son Atelier des Lents/d’Elan (une formation sur l’année pour conteurs confirmés) : Lisa Baissade, Monique Lancel et Nathalie Van Cappel. Auparavant, le vendredi 9, à 20 h 30, la littérature et le Japon sont à l’honneur avec une lecture-spectacle à deux voix sur fond de création sonore conçue à partir du roman de Julie Otsuka, Certaines n’avaient jamais vu la mer, prix Femina étranger en 2012 (lire la critique du « Monde des livres »). Cette fête des mots s’achèvera le dimanche 11, à 15 heures, avec un conte flamenco, Caminito, le petit chemin, mêlant récit, musique et danse, par la compagnie Le Peuple danseur avec la conteuse Céline Cossard. Cristina Marino

37e festival Contes d’hiver. Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, Paris 13e. Tél. : 01-45-89-99-00. Jusqu’au dimanche 11 février. Tarifs : 14 €, 16 €, 18 € et 20 €.

DANSE. Un dialogue entre deux danseurs au Tarmac, à Paris

« Negotiation », une chorégraphie de et avec Olé Khamchanla et Pichet Klunchun. / CHRISTIAN RAUSCH

Les rencontres entre styles et traditions chorégraphiques sont toujours des terrains d’expérience et de jeu réjouissants, pour les danseurs comme pour les spectateurs. C’est le tour du hip-hopeur Olé Khamchanla, d’origine laotienne et tourné vers les traditions d’Asie du Sud-Est, de tendre la main à son collègue Pichet Klunchun, thaïlandais, expert en khon, danse ancienne emblématique de son pays, pour se risquer dans un échange d’histoires et de techniques. Le résultat s’intitule Negotiation et donne une idée des allers-retours qui ont nourri le dialogue. Autour de thèmes comme la transmission, la tradition et ce qu’il en reste aujourd’hui, la mémoire et la modernité, les deux artistes se croisent en tablant à la fois sur la singularité et le métissage pour construire une nouvelle vision spectaculaire. Dans le cadre du festival Faits d’hiver. Rosita Boisseau

« Negotiation », de et avec Olé Khamchanla et Pichet Klunchun. Le Tarmac, 159, avenue Gambetta, Paris 20e. Jusqu’au 16 février, à 20 heures. Tarifs : de 6 € à 25 €.

MUSIQUES. La Philharmonie de Paris fête le Nouvel An chinois

La Philharmonie de Paris célèbre le Nouvel An chinois le temps d’un week-end thématique, du 9 au 11 février. / NI RONG

Le 16 février 2018 marquera le coup d’envoi du Nouvel An chinois, pour l’entrée dans l’année du Chien. Une semaine plus tôt, des festivités éclateront un peu partout, à commencer par un grand week-end à la Philharmonie de Paris les 9, 10 et 11 février. Un florilège d’événements balayant la culture chinoise. Du Pavillon aux pivoines, opéra kunqu du XVIe siècle et plus vieille forme d’opéra chinois encore jouée, à la musique d’aujourd’hui. Ainsi la création de Benjamin Attahir, La Petite Mélancolie, qui mêle aux musiciens occidentaux (les élèves du Conservatoire de Paris) les instruments traditionnels chinois du Théâtre Liyuan de Quanzhou. Quelques œuvres du compositeur Qigang Chen, émule d’Olivier Messiaen, seront interprétées par l’Orchestre de Paris sous la direction de Long Yu tandis que deux créations consacreront le quatuor à cordes Akilone (et la compositrice chinoise Xu Yi avec Aquilone lontano). Aussi à l’honneur, le cinéma muet des années 1930 à Shanghaï, avec La Divine, de Wu Yonggang, sans doute le plus beau rôle de la star Ruan Lingyu (accompagnement improvisé à l’orgue par Thierry Escaïch). Pour les enfants, La Maison du Panda ouvrira, par la musique et la danse, les portes de la culture chinoise. Idem pour le grand concert du Nouvel An qui consacrera le Shanghai Chinese Orchestra sous la direction de Muhai Tang. Marie-Aude Roux

Week-end Chine à la Philharmonie de Paris-Cité de la Musique, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Tél. : 01-44-84-44-84. Du 9 au 11 février. Tarifs : de 5 € à 50 €.

THÉÂTRE. Une pièce magnifique d’Hans Henny Jahnn au Théâtre de Gennevilliers

« Pauvreté, richesse, homme et bête », de Hans Henny Jahnn, mis en scène par Pascal Kirsch au Théâtre de Gennevilliers. / HERVE BELLAMY

Mieux vaut le savoir avant d’entrer dans la salle : le spectacle dure trois heures, sans entracte, mais on ne le regrette pas, car Pauvreté, richesse, homme et bête est une pièce passionnante. Son auteur, l’Allemand Hans Henny Jahnn (1894-1959), l’a écrite en Norvège, où il a longtemps vécu. Il nous emmène au bord d’un fjord, dans un monde paysan où les contraires s’unissent et se combattent : sensualité et animalité, sacré et barbarie. Un monde où maîtres et valets se livrent une guerre sans pitié, où les légendes hantent le quotidien, où le meurtre ressortit à une force supérieure, sans lien avec la morale. Pascal Kirsch, qui met en scène la pièce, a su trouver le ton et les lumières pour rendre compte de ce monde sombre, au-dessus duquel il y a un ciel étoilé : celui de la langue de Jahnn, cruelle et radicale, organique et érotique. Magnifique. Brigitte Salino

T2G, Théâtre de Gennevilliers, 41, avenue de Grésillons, Gennevilliers. Tél. : 01- 41-32-26-26. Vendredi 9 à 20 heures ; samedi 10 à 18 heures et dimanche 11 février à 16 heures. Tarifs : de 7 € à 24 €.

PERFORMANCES. Clôture du festival Sors de ce corps ! à la Gaîté-Lyrique, à Paris

Sors de ce corps !, un festival concocté par la Gaîté-Lyrique et Némo, la Biennale internationale des arts numériques. / ADAGP HICHAM BERRADA ‒ AVEC LA PERMISSION DE L'ARTISTE ET DE KAMEL MENNOUR, PARIS / LONDON

Suite et fin du festival Sors de ce corps !, concocté par la Gaîté-Lyrique et Némo, la Biennale internationale des arts numériques. A l’occasion de ce week-end de clôture, de nouvelles performances à la frontière entre la scène, les arts, la musique et l’ère numérique sont à expérimenter au gré des parcours. Le plasticien Hicham Berrada proposera une promenade onirique en créant ses paysages liquides et chimiques en direct, accompagné en live par le compositeur Laurent Durupt. Plus intimiste : la danseuse et chorégraphe Dasniya Sommer fera découvrir dans Nun on the Moon une combinaison inédite entre shibari (bondage japonais), danse africaine et butô. Le collectif Invivo offrira les services d’une start-up venue d’un futur proche, Dreamr, et sa solution miracle au problème de déficit de sommeil de nos sociétés : les spectateurs deviendront les patients tests de son casque permettant de récupérer une nuit de sommeil en trente minutes. En parallèle des parcours, Les Falaises de V, de Laurent Bazin, performance qui brouillera, là aussi, la frontière entre réalité et monde virtuel, sera accessible en continu : accueillis dans une chambre médicalisée, les spectateurs partageront le sort d’un prisonnier à qui l’on propose d’échanger ses yeux contre la liberté (séances toutes les heures, 10 €/8 €). Conférence dansée participative, Ergonomics, de Rocio Berenguer et Marja Freigang, explorera les usages du corps dans l’espace public (samedi à 19 heures, dimanche à 16 heures, 10 €/8 €). En soirée, la compositrice lituanienne Justè Janulytè jouera, avec Sandglasses, des transmutations entre musique (violoncelles) et images (vendredi et samedi à 21 heures, 18 €/15 €). Emmanuelle Jardonnet

La Gaîté-Lyrique, 3 bis, rue Papin, Paris 3e. Parcours : à 19 heures le vendredi 9 ; à 14 h 15, 16 h 15 et 17 h 30 le samedi 10 ; à 14 heures, 15 h 30 et 16 h 30 le dimanche 11. Tarifs : de 10 € à 17 € (plein), de 8 € à 14 € (réduit).

SPECTACLE INTERACTIF. « L’improviconteuse » à la Mission bretonne, à Paris

« L’improviconteuse » propose un spectacle interactif mêlant paroles, sons et musiques. / MISSION BRETONNE

Quand elle endosse son habit d’improviconteuse, la comédienne Cécile Huré, alias « Sklaeren » (son nom de scène comme conteuse), laisse libre cours à son imagination pour créer de toutes pièces un nouveau spectacle ‒ totalement différent à chaque représentation ‒ à partir de mots proposés par le public. En fonction des lieux, elle est seule sur scène ou entourée de ses instruments, un accordéon diatonique et deux pédales loop (des boîtiers qui permettent de faire des effets sonores en répétant de façon illimitée une rythmique ou une séquence musicale). De même, les thèmes de la soirée peuvent être soit librement choisis par l’improviconteuse en fonction du public soit imposés à l’avance (des histoires de pirates ou de princesses, des récits d’amour, etc.). Une façon originale d’adapter les techniques de l’improvisation théâtrale à l’univers du conte. C. Mo.

« Mes voix et moi, nous allons bien ! Merci », spectacle interactif présenté par l’improviconteuse à la Mission bretonne, 22, rue Delambre, Paris 14e. Tél. : 01-43-35-26-41 ou contact@missionbretonne.bzh. Vendredi 9 février à 21 heures. Tarif : participation au chapeau.

FESTIVAL. Les Nuits de l’alligator itinérantes du Morbihan à Paris

Les Filles de Illighadad
Durée : 03:18

Deux plateaux de braises blues (et affiliés) pour dégivrer ce week-end dans plusieurs villes de France, grâce au festival itinérant Les Nuits de l’alligator. Le premier, programmé vendredi 9 février à Saint-Avé (Morbihan) à l’Echonova, et à Tours, le samedi 10, au Temps Machine, sera dominé par les mélodies rêches des musiques du delta régénérées par l’énergie de l’indie rock, avec l’Australienne Jen Cloher (accompagnée à la guitare par sa copine Courtney Barnett), le duo féminin de Boston, Mr Airplane Man, et le garage-punk-pop des Parisiens de Parlor Snakes. Porté par une humeur plus voyageuse, le second – à La Maroquinerie, le 11, puis en province jusqu’au 17 – réunit le skateur-bluesman français Kepa, les Nigériennes des Filles de Illighadad, pour une version hypnotique du blues touareg, et les Hollando-Turcs d’Altin Gün, ressuscitant les mannes du rock psychédélique anatolien du début des années 1970. Stéphane Davet

Les Nuits de l’Alligator, jusqu’au 17 février. Les Filles de Illighadad, Altin Gün et Kepa en concert à La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e. Tél. : 01-40-33-35-05. Dimanche 11 février à 19 h 30. Tarif : 19,80 €.