Les premiers bénéfices de Twitter ne dissipent pas les doutes
Les premiers bénéfices de Twitter ne dissipent pas les doutes
LE MONDE ECONOMIE
Entre octobre et décembre 2017, l’entreprise a dégagé un bénéfice net de 91 millions de dollars. Mais le réseau social peine toujours à gagner de nouveaux adeptes.
Aux Etats-Unis, son marché le plus lucratif, Twitter a perdu 1 million d’utilisateurs au quatrième trimestre 2017. / LOIC VENANCE / AFP
Il aura fallu attendre près de douze ans. Lancé en mars 2006, Twitter est devenu rentable pour la première fois de son histoire au quatrième trimestre 2017. Des profits certes modestes, mais qui rassurent les investisseurs de Wall Street. Jeudi 8 février, l’action de la société californienne a ainsi bondi de 12 % sur des marchés en forte baisse. « Nous avons fait ce que nous avions promis », se félicite Jack Dorsey, son directeur général.
Revenu à la tête de la société en juillet 2015, le dirigeant a mené une politique volontariste pour relancer un réseau social en perte de vitesse. Il n’a ainsi pas hésité à revenir sur des piliers historiques, comme la limite de 140 caractères, portée en novembre à 280. Il a aussi misé sur la diffusion de vidéos en direct. Pendant longtemps, pourtant, ses efforts n’ont pas porté leurs fruits. « Twitter semble désormais avancer dans la bonne direction », juge Daniel Ives, analyste chez GBH Insights.
Entre octobre et décembre 2017, l’entreprise a dégagé un bénéfice net de 91 millions de dollars (74 millions d’euros), après avoir perdu 2,2 milliards de dollars depuis son introduction en Bourse fin 2013. Et son chiffre d’affaires, en hausse de 2 %, à 732 millions de dollars, a augmenté pour la première fois depuis un an. Sur l’ensemble de 2017, Twitter reste cependant dans le rouge, avec une perte de 108 millions de dollars. Ses recettes ont reculé de 3 %.
Reprise des investissements
Si la situation financière du groupe s’améliore, ses progrès restent fragiles. En effet, ils reposent davantage sur une baisse des coûts plutôt que sur une croissance de l’activité. Depuis 2015, la société a mené deux plans sociaux, supprimant environ 700 emplois. Elle a aussi limité ses dépenses commerciales et de marketing, ainsi que ses investissements en recherche et développement. Surtout, elle a fortement réduit les rémunérations en actions de ses employés, qui ne représentent plus que 18 % de son chiffre d’affaires, contre 31 % en 2015.
Cette stratégie a cependant des limites. Twitter prévient que les coûts liés à la distribution d’action ne baisseront que légèrement en 2018. Le réseau social indique également qu’il va reprendre ses investissements, notamment pour développer de nouveaux produits et pour accroître ses équipes commerciales. « Nos dépenses seront plus proches de notre chiffre d’affaires, explique M. Dorsey. Nos marges devraient rester stables au lieu d’augmenter. »
330 millions d’utilisateurs actifs
Sur le fond, le principal problème de Twitter n’a pas encore été résolu. Malgré des changements pour devenir plus accessible aux nouveaux inscrits, la plate-forme peine à gagner des adeptes. Au quatrième trimestre, elle comptait 330 millions d’utilisateurs actifs, soit autant que lors du trimestre précédant. Aux Etats-Unis, son marché le plus lucratif, elle a même perdu 1 million d’utilisateurs.
Une situation qui ne devrait pas changer à court terme, estime Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research. « Cela limite sévèrement le potentiel de recettes, car Facebook et Google vont continuer de capter la majeure partie de la croissance de la publicité en ligne. »
En outre, Twitter va devoir gérer le prochain départ de son directeur opérationnel, Anthony Noto, qui prendra, en mars, les commandes de la start-up de prêts en ligne SoFi. Cet ancien banquier de Goldman Sachs était chargé de nombreux aspects opérationnels, de la monétisation ou de la stratégie dans la vidéo. Il était aussi un responsable apprécié de Wall Street. M. Dorsey a confirmé jeudi qu’il ne serait pas remplacé. De quoi accentuer la pression qui pèse sur ses épaules, ce qui pourrait remettre en question sa double casquette de directeur général de Twitter et de Square.