Sélection galeries : Paul Kos et Gaston Damag à Paris
Sélection galeries : Paul Kos et Gaston Damag à Paris
L’artiste américain expose ses œuvres inspirées de l’ouest américain à la galerie Vallois, et le Français d’origine philippine à la galerie Maïa Muller.
« Condensation of Yellow Stone Park » (1969), tiré de l’exposition « Kinetic Landscape(s) », de Paul Kos à la galerie Vallois, à Paris. / PAUL KOS/GALERIE VALLOIS
- Galerie Vallois
Paul Kos
Le Yellowstone débarque à Paris ! Du moins un fragment. Au centre de la galerie Vallois bouillonne en effet un bain de boue semblable à ceux qui jaillissent dans le célèbre parc national du Grand Ouest américain. Des bulles à s’y tromper, qui évoquent comme par magie les terres instables du super-volcan. Paul Kos est l’auteur de ce petit miracle. Figure de la scène de San Francisco depuis les années 1960, ce poète voyageur est adoré des artistes, mais reste méconnu en France. Le superbe accrochage que lui consacre la galerie Vallois propulse vers tous ces ailleurs qu’il aime à téléporter. Pièce maîtresse, son installation de micros absurdement concentrés pour recueillir le son infime de deux blocs de glace qui fondent tout doucement. Elle dialogue avec une vidéo où l’artiste rejoue un geste archaïque : faire naître le feu, en concentrant les rayons du soleil sur quelques brindilles, grâce à une loupe taillée dans la glace, elle aussi. Autant d’œuvres qui fêtent leur demi-siècle, sans avoir pris une ride. Emmanuelle Lequeux
« Kinetic Landscape(s) ». Galerie Vallois, 36, rue de Seine, Paris 6e. Du mardi au samedi de 10 h 30 à 13 heures et de 14 heures à 19 h 30. Jusqu’au 3 mars. galerie-vallois. com
- Galerie Maïa Muller
Gaston Damag
Gaston Damag est né dans la région d’Ifuago, aux Philippines, où l’économie, la société et la religion ont été et demeurent placées sous le signe du riz, cultivé en terrasses. Les divinités qui y veillent sont les bululs, figures féminines ou masculines, assises et géométriques le plus souvent. Sculptures primitives, aurait-on dit jadis. Quand il sculpte leurs têtes symétriques, Damag les associe à des baffles admirablement profilés pour diffuser le meilleur son, mais c’est celui de variétés d’aujourd’hui. Quand il les peint, elles deviennent tantôt des êtres vivants qui, littéralement, changent de tête pour ressembler à des Occidentaux ou semblent se dévisager, stupéfaits de ce qu’ils sont ; tantôt des fantômes ou des ombres, ceux d’une culture dont Damag sait d’autant mieux qu’elle est en train de s’effacer qu’il en est issu. Rien de sombre pourtant dans ces toiles, mais des couleurs intenses et solaires, jaunes et roses, dont la clarté contraste étrangement avec ce qui est suggéré ici de l’état du monde actuel, où globalisation, hybridation, acculturation et oubli vont de pair. Philippe Dagen
« Phantoms of Inspiration ». Galerie Maïa Muller, 19, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 09-83-56-66-60. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 29 mars. www.maiamuller.com