Reportage sur Arte à 18 h 35

Une femme tenant les photos de membres de sa famille ayant disparu. / HENRY ROMERO/REUTERS

Le reportage ne dure que vingt-quatre minutes, mais dégage une telle émotion qu’il est difficile d’en sortir indemne. Sobre, poignant, sans musique trop envahissante ni commentaires superflus, la caméra suit Ruben Figueroa, trentenaire mexicain qui passe sa vie sur les routes d’Amérique centrale à la recherche de migrants disparus. Des recherches en partie financées grâce aux dons d’associations. Depuis de longues années, des centaines de milliers de jeunes originaires du Honduras, du Guatemala, du Nicaragua ou du Salvador tentent de fuir la misère et de rejoindre les Etats-Unis.

Réseaux de prostitution

Pour beaucoup, le long voyage vers la terre promise s’arrête dans le sud du Mexique où les gangs font des ravages : meurtres, disparitions, les drames s’enchaînent pour des migrants sans argent et sans défense.

Infatigable, Ruben Figueroa enquête, insiste, muni parfois d’une simple photo de l’adolescent ou du jeune adulte disparu. On le suit au Honduras, en train de demander des renseignements complémentaires à des mères ou à des sœurs. Dans la région du Chiapas, au Mexique, il interroge riverains, policiers, tenancières de bordel.

Parfois, le miracle se produit, comme lorsqu’il retrouve Jacqueline, piégée par un réseau de prostitution et qui n’a pas donné signe de vie à sa famille au Honduras depuis treize ans. « La plupart des femmes migrantes qui disparaissent dans le sud du Mexique sont victimes de ces réseaux. Dans ces zones contrôlées par le crime organisé, essayer de localiser une femme disparue peut vous coûter la vie », souligne Ruben.

Chaque année, une caravane des mères des migrants disparus défile dans les rues de Guadalajara, au Mexique. Venues du Honduras et d’autres pays d’Amérique centrale, brandissant des photos de leurs enfants, elles se rassemblent pour trouver la force d’espérer. C’est lors d’une de ces réunions que Carlos, ayant fui la misère du Honduras pour aider sa mère, retrouve cette dernière après dix ans sans nouvelles. Grâce au travail de Ruben. « Depuis six ans, j’ai réussi à réunir une trentaine de familles. C’est une lutte invisible mais urgente. Car, pour des centaines de milliers de familles, la douleur de ne pas avoir de nouvelles de leurs enfants est immense », résume-t-il.

Mexique : à la recherche des migrants disparus, d’Alex Gohari et Leo Mattei (Fr., 2017, 24 min).