La « relation » entre Donald Trump et le FBI est compliquée depuis plusieurs semaines en raison des enquêtes passées sur le déroulement de la campagne présidentielle de 2016. Le massacre de 17 personnes dans un lycée de Floride, mercredi 14 février, a fourni l’occasion au président des Etats-Unis de s’attaquer à nouveau à la police fédérale. Samedi 17 février, M. Trump a accusé cette dernière de n’avoir pas su empêcher cette tuerie, jugeant qu’elle passait « trop de temps » à enquêter sur les interférences russes dans l’élection de 2016.

« Vraiment dommage que le FBI ait manqué tous les signaux envoyés par le tireur de l’école de Floride. Ce n’est pas acceptable », a tweeté le président américain. « Ils passent trop de temps à essayer de prouver la collusion russe avec la campagne Trump. Il n’y a pas de collusion. Revenez-en aux bases et rendez-nous tous fiers de vous ! », a-t-il ajouté.

Fortes critiques

Ce n’est toutefois plus le FBI qui dirige l’enquête sur l’affaire russe depuis mai 2017, mais le procureur spécial Robert Mueller.

La fusillade a certes mis en lumière une grave défaillance du FBI. Ce que la police a d’ailleurs reconnu. Elle a expliqué avoir reçu en janvier un appel d’un proche du tueur de 19 ans, Nikolas Cruz, alarmé par son comportement déviant et ses intentions meurtrières, mais sans donner suite à ce signalement.

La police locale était elle aussi alertée sur la dangerosité de Cruz, a affirmé CNN. Sa mère adoptive, morte en novembre 2017, « avait plusieurs fois demandé à la police de venir chez elle pour l’aider à faire face à ses accès de violence, à ses menaces et à son comportement autodestructeur ».

Mais la charge de M. Trump contre le FBI survient alors qu’il fait face à de fortes critiques. Certains lui reprochent de ne rien faire sur le contrôle des armes. D’autres l’accusent d’entretenir des liens avec la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes à feu aux Etats-Unis.

« Honte à vous ! »

« Si le président me dit en face que c’était une terrible tragédie (…) et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Rifle Association. Je le sais : 30 millions de dollars », a dit rageusement la jeune fille de 18 ans aux cheveux rasés. / RHONA WISE / AFP

Lors d’un rassemblement samedi soir à Fort Lauderdale, en Floride, une survivante du massacre a dénoncé avec force les liens du président avec la NRA. « A tous les hommes politiques ayant reçu des dons de la NRA, honte à vous ! », a crié Emma Gonzalez, après avoir fustigé M. Trump pour avoir reçu le soutien financier du puissant groupe pendant la campagne présidentielle de 2016. « Honte à vous ! », a repris en chœur la foule.

« Si le président me dit en face que c’était une terrible tragédie (…) et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Rifle Association. Je le sais : 30 millions de dollars », a dit rageusement la jeune fille de 18 ans aux cheveux rasés. « C’est ce que valent ces gens pour vous, M. Trump ? », a-t-elle lancé en comparant cette somme au nombre de victimes des fusillades qui ont ensanglanté le pays depuis le début de l’année.

« Le fait d’être autorisé à acheter des armes automatiques n’est pas une question politique, c’est une question de vie ou de mort », a affirmé plus tard à l’Agence France-Presse la lycéenne. « Douze incidents comportant des armes à feu ont été rapportés dans des établissements scolaires depuis la tuerie en Floride », rappelait CNN dimanche matin.

« Ce n’est pas un problème de santé mental, a insisté la jeune femme. Il n’aurait pas tué autant de monde avec un couteau. » Emma Gonzalez s’en est également prise aux parlementaires américains « financés par la NRA qui nous disent que rien n’aurait pu empêcher ça (…) ou qui disent que des lois plus sévères sur les armes ne font pas baisser la violence par les armes ».

Nikolas Cruz était suivi psychologiquement pour des problèmes de comportement mais il a profité d’une législation laxiste en Floride pour acheter légalement son arme l’année dernière.

Au lendemain de la fusillade, M. Trump avait essentiellement insisté sur les problèmes mentaux du tueur, ne disant rien sur le droit de posséder une arme garanti par le deuxième amendement de la Constitution, ni sur les armes semi-automatiques comme l’AR-15 utilisé par le tireur.

L’intervention d’Emma Gonzalez a trouvé un écho important sur les réseaux sociaux, où elle a été saluée.

« Emma Gonzalez, étudiante au lycée Marjory Stoneman Douglas, est à la télé à l’instant, menant le combat, en nous encourageant tous à faire mieux. »

Emma Gonzalez est en terminale du lycée Marjory Stoneman Douglas, situé dans la ville voisine de Parkland. Elle était cachée dans l’amphithéâtre quand Nikolas Cruz a ouvert le feu dans les couloirs de l’établissement, faisant dix-sept morts dont une majorité d’adolescents, avant de s’enfuir en se mêlant à la foule. Le meurtrier a été arrêté une heure plus tard.

NRA : pourquoi le lobby des armes est devenu si puissant aux Etats-Unis
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