Il est comme ça… Aymeric Caron
Il est comme ça… Aymeric Caron
Par Philippe Ridet
Chronique. L’ancien journaliste d’« On n’est pas couché » vient de créer une formation d’écologie radicale. Après Nicolas Hulot et Noël Mamère, la planète a-t-elle besoin d’un nouveau champion venu de la télé ?
Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde
On ne saurait avoir réponse à tout. À peine la tribune d’Aymeric Caron, journaliste de télévision et essayiste, annonçant la naissance de sa formation d’écologie radicale, REV (Rassemblement des écologistes pour le vivant), était-elle mise en ligne le 8 février à 9h09 exactement sur le site du Monde qu’une première réaction tombait.
Elle émanait d’une association charentaise appelée Rapasse : « Comment, écrit son auteur, cette nouvelle organisation se positionne-t-elle sur (…) la destruction d’espèces protégées dans les parkings éoliens, (…) les chiroptères (barbastelle, noctule) et amphibiens (crapaud sonneur à ventre jaune) et loutre ? »
Oui, comment ? Insistons-nous à notre tour. Mais Aymeric Caron n’a toujours pas répondu, s’en tenant à des généralités. Militant antispéciste de longue date, c’est-à-dire qui refuse la supériorité de l’homme sur l’animal, végétarien depuis l’âge de 20 ans (il en a 46), dessinateur et chanteur à ses heures perdues (mais cela n’a rien à voir), il préfère fustiger « l’écologie molle » d’EELV et compatir au sort des « 70 milliards d’animaux non humains terrestres » et aux « 1 000 milliards d’animaux marins » que nous dévorons chaque année « pour satisfaire nos estomacs ».
D’accord mais la question c’est : les chiroptères, les amphibiens et les loutres ? Avouez que vous n’êtes pas très à l’aise, hein ? Que prévoyez-vous pour eux dans votre programme, M. Caron ? Répondez !
Combatif ou hargneux ?
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, de 2012 à 2015, sur le plateau d’« On n’est pas couché », c’est lui qui harcelait les hommes et les femmes illustres de notre époque jusqu’à ce qu’il obtienne une réponse à laquelle il prêtait par ailleurs peu d’intérêt. « Je n’ai pas envie de vous entendre », lança-t-il un soir à l’un d’eux, résumant ainsi sa définition de l’interview.
Quelques esclandres avec Caroline Fourest, BHL, Bernard Kouchner, Éric Zemmour (liste non exhaustive) lui firent une réputation contestée de journaliste intègre et debout quand tous les autres seraient courbés et corrompus. Il tiendrait sa rigueur morale d’une mère protestante et néerlandaise et d’un père instituteur et boulonnais (Pas-de-Calais).
Mais, d’abord considéré comme combatif, il finit par passer pour hargneux, l’impertinent devient arrogant, lassant même ceux qui le payaient pour l’être. En 2015, il quitte l’émission, à moins que ce ne soit le contraire. À voir le best of de ses entretiens sur Internet, on finit par se prendre de sympathie pour ses victimes. Un comble !
Les animaux terrestres et marins auront-ils plus de chance avec cet avocat aux cheveux poivre et sel, à la barbe de Messie ? Aymeric Caron avait 12 ans lorsque le sort d’un agneau bêlant promis à la boucherie l’émut (d’autres sources évoquent son lapin préféré, Lustucru, qui faillit finir en civet) jusqu’aux tréfonds de son âme tendre. Au même âge, il décida de devenir journaliste.
L’écologie, déjà défendue par deux hommes de télévision, Noël Mamère et Nicolas Hulot, gagnera-t-elle à être promue par un troisième ? Dans une vidéo visible sur le site du journal suisse Le Matin, Aymeric Caron développe son programme : la semaine de 12 à 17 heures, le revenu universel, le contrôle des naissances et la conquête d’autres planètes pour lutter contre la surpopulation. On se demande si on ne le préférait pas en journaliste. En attendant, la question reste sans réponse : et le crapaud sonneur à ventre jaune ?