Le bureau politique du parti Les Républicains touchait à sa fin, mardi 17 avril. Certains participants commençaient à ranger leurs affaires ou à se lever, et ne prêtaient plus qu’une attention distraite au secrétaire général adjoint Fabien Di Filippo, qui détaillait quelques procédures d’exclusion en cours du parti.

Guillaume Labbez, un proche de la vice-présidente Virginie Calmels, a profité de l’occasion pour prendre la parole et réclamer qu’une procédure similaire soit engagée contre Thierry Mariani, qui a signé dans Valeurs actuelles, le 12 avril, une tribune avec des élus du Front national pour plaider en faveur d’une « union des droites ».

L’ancien ministre avait déjà évoqué, en mars, l’hypothèse d’un « rapprochement » avec le parti d’extrême droite. « Je veux d’abord le voir », a répondu Laurent Wauquiez, le président de LR, selon plusieurs participants. « Il a balayé » le sujet, résume un dirigeant.

Le lendemain matin, sur LCI, Thierry Mariani a confirmé : « J’ai eu Laurent Wauquiez hier par SMS, on doit se voir prochainement. » Le feuilleton continue, donc. Sans qu’une procédure de sanction soit lancée, pour l’heure, contre l’ancien député, malgré sa signature apposée au bas d’un document aux côtés d’élus frontistes. « S’il devait passer aux actes, il ne ferait plus partie de notre mouvement », s’est contenté de répéter Laurent Wauquiez dans Le Journal du dimanche.

« Stratégie un peu plus ouverte »

Certaines voix au sein de LR lui ont pourtant réclamé ces derniers jours plus d’allant. « Je demande la suspension immédiate de Thierry Mariani en attendant son exclusion des LR », a tweeté la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, au lendemain de la publication de la tribune de Valeurs actuelles.

« Thierry Mariani n’a plus sa place au sein des Républicains », a jugé, quant à elle, Laurence Arribagé, une proche de Mme Pécresse, qui assure l’intérim à la tête des Jeunes Républicains. « Je condamne fermement la tribune signée par Thierry Mariani, qui, par ses prises de position isolées, s’exclut de lui-même des Républicains, a réagi, de son côté, Virginie Calmels. Jamais notre famille politique n’acceptera une quelconque alliance avec le FN, dont nous ne partageons pas les mêmes valeurs. »

Face à la bronca, l’homme reste stoïque. « J’ai vu que certains réclamaient ma tête dans le parti, a-t-il commenté, laconique, sur LCI. Pour le moment, je suis toujours dans ce parti. Pour le moment, je soutiens toujours ce parti. Je pense que Laurent Wauquiez a une bonne ligne, et qu’il faut peut-être avoir une stratégie un peu plus ouverte. » Comprendre : vers le FN.

« Je ne sais pas s’il teste notre degré de résistance, il va de plus en plus loin, souffle un cadre de la rue de Vaugirard, un rien lassé. La vie du parti ne peut pas être subordonnée à cette voix solitaire. » Un autre s’interroge : « Est-ce qu’il est en train de faire monter les enchères pour peser au sein de LR ? » Quand un dernier l’assure : « Je crois qu’il est déjà parti, il négocie une place sur la liste FN aux élections européennes. » Comme lors de l’interminable exclusion des élus et ministres « constructifs » en 2017, le feuilleton risque de durer.