C’est un déplacement qui fait couler de l’encre sur les deux rives de l’Atlantique : Marion Maréchal-Le Pen, qui a pris sa retraite politique en mai 2017 après la défaite de sa tante Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, se rend jeudi 22 février à la Conservative Political Action Conference (CPAC), dans le Maryland, où elle prendra la parole sur le thème du conservatisme sur les deux continents.

Elle sera la deuxième à intervenir, juste après le vice-président des Etats-Unis Mike Pence. Elle disposera d’un créneau de dix minutes. L’eurodéputé britannique Nigel Farage, qui fut à la tête de la campagne victorieuse pour le Brexit, sera présent lui aussi.

Alors que la presse française y voit une sorte de « retour » de l’ex-élue d’extrême droite – même si celle-ci se défend de vouloir revenir à la vie politique – les journaux américains se font l’écho de l’émoi de la droite du pays face à la présence de l’ex-étoile montante du frontisme, désormais reconvertie dans le privé.

« Des membres de la vieille garde » sont choqués du choix d’une « figure anti-immigration extrémiste », raconte le magazine féminin Vanity Fair, évoquant une liste d’invités « trumpifiée ».

« L’altération du Parti républicain »

De fait, pour la presse, la controverse est un symptôme des divisions et errements du Parti républicain depuis l’accession au pouvoir du milliardaire. « La polémique éclate en plein débat, dans les cercles conservateurs, sur la direction que doit prendre le GOP [Grand Old Party] – poursuivre sur un conservatisme reaganien de libre concurrence ou pencher vers un national populisme à l’européenne – débat reflété par la candidature de Donald Trump en 2016 », relève sobrement la chaîne conservatrice Fox News.

Le Washington Post, qui titre sur l’intervention « d’une Le Pen » lors de ce grand raout annuel, va plus loin et rappelle que Donald Trump, alors en campagne, en 2016, devait assister à la CPAC avant de se désister, jugeant être une figure « trop controversée ».

« La rhétorique de Marion Maréchal-Le Pen sur l’immigration est similaire à celle de Trump mais en langage plus grossier », estime le quotidien.

Or, « ce qui est frappant, c’est que la même conférence où Trump pensait qu’il serait considéré comme trop extrême il y a deux ans est prête à accueillir Maréchal-Le Pen jeudi. Le changement est un autre témoignage de l’altération du parti Républicain. »