Au Mexique, des policiers arrêtés après la disparition de trois Italiens
Au Mexique, des policiers arrêtés après la disparition de trois Italiens
Par Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)
Les proches des trois Napolitains, disparus depuis près d’un mois, accusent les policiers de les avoir « vendus » à des membres du crime organisé.
Le 21 février 2018, à Tecalitlan, ville du Mexique où ont disparu trois Italiens. / STRINGER / REUTERS
Quatre policiers de l’Etat de Jalisco, dans l’ouest du Mexique, ont avoué avoir enlevé trois Italiens avant de les remettre au crime organisé, ont confirmé, dimanche 25 février, les autorités locales. Originaires de Naples, Raffaele Russo, 60 ans, son fils, Antonio, 25 ans, et son neveu Vincenzo Cimmino, 29 ans, avaient disparu vingt-six jours plus tôt dans la ville de Tecalitlan.
« Les policiers mexicains ont vendu les membres de ma famille pour 43 euros de m… », a fustigé, dimanche, sur une radio italienne, Francesco Russo, un des fils de M. Russo. Dans la foulée, Raul Sanchez, procureur de l’Etat de Jalisco, région en proie à la violence des cartels de la drogue, a annoncé que les agents municipaux, dont une femme, sont accusés de disparition forcée, mais n’a pas précisé le mobile de ces enlèvements, ni le nom de l’organisation mafieuse qui collaborait avec ces policiers ripoux. Dimanche soir, les trois victimes étaient toujours portées disparues.
M. Sanchez a confirmé que Raffaele Russo a d’abord été arrêté seul en voiture par les policiers. Partis à sa recherche, à partir de la géolocalisation GPS de son véhicule, son fils et son neveu ont été à leur tour arrêtés et enlevés par les agents de cette ville située à 600 km à l’ouest de Mexico. Leurs proches avaient déposé plainte, le 1er février, après avoir reçu un message vocal du fils et du neveu qui les avertissaient qu’ils avaient été arrêtés en voiture par la police dans une station-service de Tecalitlan.
M. Sanchez a précisé que le directeur de la police locale, Hugo Enrique Martinez, n’a pas été localisé depuis cinq jours, laissant penser qu’il serait lui aussi impliqué dans ces disparitions forcées. Les deux véhicules des Napolitains n’ont pas été retrouvés par les autorités.
La famille des disparus a assuré que leurs proches n’étaient pas membres de la Camorra, la mafia napolitaine, contrairement à ce que disent les rumeurs. « Mon mari était au Mexique pour vendre des générateurs électriques d’origine chinoise », a déclaré Silvana Esposito, épouse de Raffaele Russo, après que le parquet de Jalisco a rappelé qu’il avait été arrêté au Mexique trois ans plus tôt, sans préciser la cause de cette détention.
Les quatre policiers accusés, qui ont déclaré avoir obéi aux ordres d’un groupe criminel opérant dans la région, risquent une peine de 40 à 60 ans de prison. « Il faut que l’Italie se bouge, qu’on nous dise où ils sont, a exigé sur les ondes italiennes Gino Bergame, porte-parole de la famille. Nous espérons qu’ils sont encore en vie. »
L’infiltration des autorités locales par le crime organisé est très répandue au Mexique, pays qui compte plus de 33 000 disparus, selon les chiffres officiels.