Fusillade en Floride : accusé de lâcheté, l’adjoint au shérif se défend
Fusillade en Floride : accusé de lâcheté, l’adjoint au shérif se défend
Scot Peterson, adjoint au shérif de Broward présent sur place au moment de la fusillade dans un lycée aux Etats-Unis, assure avoir agi selon le protocole appris à l’entraînement.
Scot Peterson. Ce nom, c’est celui de l’adjoint au shérif du comté de Broward, en Floride. Depuis plusieurs jours, il fait régulièrement la « une » des médias américains. Car, après la tuerie dans le lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland, en Floride, qui a fait dix-sept morts le 14 février, Scot Peterson est au centre d’une polémique : assigné à cet établissement, il était le seul officier de police armé sur le campus durant l’attaque menée par un adolescent de 17 ans, Nikolas Cruz, et il n’est pas intervenu. Toute la question est de savoir s’il aurait pu ou dû agir, et s’il aurait, ainsi, pu éviter autant de morts.
Pour Donald Trump, la réponse est évidente, et elle est sans nuance : « Il n’a pas réagi convenablement sous la pression, ou c’est un lâche », a déclaré le président américain, vendredi 23 février. Trois jours plus tard, le président américain enfonce à nouveau le clou : « La manière dont ils ont agi est une honte », a-t-il réaffirmé à propos des officiers de police en poste le jour de l’attaque.
Que Scot Peterson n’ait pas agi comme il le fallait, c’est aussi le sentiment du responsable du bureau du shérif du comté de Broward, Scott Israel. Quelques jours après la tuerie, ce dernier a confirmé que l’adjoint, armé et en uniforme, n’était pas intervenu et l’a suspendu, ouvrant dans le même temps une enquête interne pour comprendre ce qu’il s’était passé.
Pour Scott Israel, Scot Peterson aurait dû « entrer, aborder le tueur et le tuer ». Et de déclarer lors d’une interview donnée à CNN : « Est-ce que je pense que si Scot Peterson était entré dans ce bâtiment il aurait eu une chance de neutraliser le tueur et sauver des vies ? Oui je le pense. »
« Se mettre à couvert » et évaluer les faits
Face à ces accusations, Scot Peterson, qui a démissionné peu après avoir été suspendu, a décidé de s’exprimer, par la voix de son avocat Joseph DiRuzzo. Lundi, ce dernier a tenté de déminer la situation en expliquant que M. Peterson avait été entraîné à « se mettre à couvert » dans ce genre de situation et à évaluer les faits afin de faire un rapport à ses supérieurs. Ce qu’il a fait.
Lawyer defends ex-deputy's school shooting response
Durée : 02:51
L’avocat a également expliqué que Scot Peterson avait reçu, dans un premier temps, un appel concernant des détonations de pétards, puis, qu’en se rapprochant de l’origine des bruits, il avait reconnu des coups de feu.
Joseph DiRuzzo précise que son client pensait que les tirs provenaient de l’extérieur du bâtiment, ce qui pourrait justifier son attente hors du bâtiment, comme le prévoit le protocole d’intervention dans cette situation. Une impression confirmée, selon lui, par des appels radio faisant état d’une victime sur le terrain de football du campus.
C’est ensuite que M. Peterson a prévenu le bureau du shérif qu’il avait entendu des coups de feu et demandé un « code rouge », soit le confinement du campus du lycée. Son avocat a également expliqué que M. Peterson avait été le premier à prévenir le service opérationnel du shérif qu’il avait entendu des coups de feu.
« Qu’il n’y ait pas d’erreur, M. Peterson aurait souhaité pouvoir empêcher le décès prématuré des dix-sept victimes ce jour-là, et il est de tout cœur avec les familles des victimes dans cette période difficile. Les allégations selon lesquelles M. Peterson serait un lâche, et que sa réaction dans ces circonstances ne correspondait pas aux procédures des officiers de polices, sont absolument fausses. »
Déclaration à charge du shérif
Les déclarations de Joseph DiRuzzo semblent contredire celles du shérif, Scott Israel, qui a déclaré que M. Peterson aurait dû entrer directement dans le bâtiment au lieu de rester à l’extérieur et d’attendre sans rien faire durant plus de quatre minutes. Le New York Time rappelle que Scott Israel avait décrit M. Peterson comme ne faisant « rien du tout » à l’extérieur de l’école, d’après des images provenant de caméras de surveillance.
Scot Peterson n’est pas le seul officier de police incriminé. Le quotidien américain précise que le bureau du shérif enquête également pour savoir si d’autres adjoints, arrivés sur place ensuite, ont échoué à entrer dans le bâtiment.
Egalement en difficulté dans l’affaire, Scott Israel a annoncé, dimanche, qu’il n’envisageait pas de démissionner de son poste de shérif, estimant qu’il avait « fait un incroyable travail à la direction de ce service ».
Lundi, Donald Trump a, quant à lui, assuré qu’il aurait agi pendant la fusillade, et qu’il serait même intervenu à mains nues pour empêcher le carnage : « Je pense vraiment que je serais rentré là-dedans même sans arme, et je pense que la plupart des gens ici auraient fait pareil. »
Une déclaration que sa porte-parole, Sarah Sanders, s’est empressée de nuancer : « Ce que M. Trump a voulu dire, c’est qu’il aurait agi en leader et aurait cherché à faire acte de courage. »