Lors d’une soupe populaire, à Berlin, en 2015. / TOBIAS SCHWARZ/AFP

La polémique s’amplifie en Allemagne après la décision d’une soupe populaire d’Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans le bassin industriel de la Ruhr, de refuser de servir des étrangers. Pour justifier cette décision, révélée jeudi 22 février mais en vigueur depuis début janvier, les responsables de cette soupe populaire ont expliqué que l’arrivée des réfugiés, ces dernières années, avait « fait monter à 75 % la part des étrangers dans [sa] clientèle », ce qui désavantageait selon eux les pauvres de nationalité allemande.

Condamnée par la Fédération allemande des soupes populaires, la décision a suscité une avalanche de réactions. « On ne devrait pas opérer de telles catégorisations, ce n’est pas bien », a estimé la chancelière Angela Merkel, lundi 26 février, ajoutant néanmoins que cette décision était révélatrice de « la pression que subit » ce genre d’associations.

De son côté, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a salué une mesure qui, selon lui, valide son propre discours. « Dans toute l’Allemagne, des bénévoles paient les pots cassés de votre politique d’ouverture des frontières. Votre formule creuse “Wir schaffen das” [nous y arriverons] est devenue synonyme, pour ceux qui s’engagent pour notre société, de Wir können nicht mehr [nous n’en pouvons plus] », a déclaré Alice Weidel, coprésidente du groupe AfD au Bundestag, mardi, dans un post Facebook adressé à Mme Merkel.

L’extrême droite n’est pas la seule à réagir ainsi. De l’autre côté du spectre politique, Sahra Wagenknecht, coprésidente du groupe Die Linke (gauche radicale) au Bundestag, a estimé qu’« il n’est pas possible que ce soit les plus pauvres qui continuent de subir le fardeau de l’immigration ». L’affaire, enfin, divise la droite conservatrice elle-même. Alexander Dobrindt, qui représente la CSU bavaroise au Bundestag, a téléphoné au responsable de la soupe populaire d’Essen pour le soutenir. Mardi, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est, quant à lui, dit consterné par la réaction de la chancelière : « “Ce n’est pas bien”, dit-elle, mais elle n’avance pas la moindre idée pour que les choses aillent mieux. »