La troisième journée des essais hivernaux sur le circuit Catalunya (Espagne) a été perturbée par la neige le 28 février. L’occasion de faire un point sur les « livrées » 2018. / ALBERT GEA / REUTERS

Douze jours, dix écuries. Le voile s’est levé petit à petit, depuis le 14 février, sur les livrées des 20 monoplaces, deux par équipes, qui participeront à la saison 2018 de Formule 1 (F1). Les dernières auront attendu les tests hivernaux sur le circuit Catalunya, près de Barcelone ; certaines sont temporaires, d’autres annoncées définitives.

Seule certitude, ces F1 entrent visuellement dans l’histoire par la présence du dispositif Halo sur le cockpit. Imposé par la Fédération internationale de l’automobile (FIA), soutenu par Ferrari contre les neuf autres équipes, cet arceau à trois branches prend place au-dessus de la tête des pilotes pour leur assurer une plus grande sécurité.

Mécaniquement, cet appendice provoque une remontée du centre de gravité à laquelle chaque constructeur a dû s’adapter tout en respectant les autres contraintes réglementaires, comme le raccourcissement des ailerons arrière.

  • La VF-18 de Haas (Ferrari)

Haas a été le premier à montrer des images de sa VF-18, le 18 février, mais a attendu le 26 pour la dévoiler totalement. / HAAS F1 TEAM

Première à se montrer, tout en ménageant quelques zones d’ombres jusqu’au premier jour des essais en Espagne, la VF-18 de Haas a marqué par sa proximité avec la Ferrari de l’an passé, la SF70H, dont la fiabilité en a inspiré plus d’une. Pour sa troisième saison, seulement, l’écurie américaine s’est donc adaptée rapidement aux nouvelles normes en enrichissant cette « base » de la Scuderia par de petits déflecteurs originaux et paramétrables dans le temps. Les premiers tours de roues ont rassuré le pilote franco-suisse Romain Grosjean, qui craignait, par sa taille, d’être pénalisé par le Halo, et conforté le Danois Kevin Magnussen.

  • La FW-41 de Williams (Mercedes)

Débuts du jeune Russe Sergey Sirotkin (22 ans) au volant de la FW-41 Williams, le 26 février sur le circuit de Catalogne. / ALBERT GEA / REUTERS

La FW-41 joue à l’inverse sur la créativité aérodynamique pour s’adapter. « Monter le Halo dans le châssis a été très difficile », a expliqué le directeur technique Paddy Lowe. Avant d’afficher un certain optimisme : « Nous étions deux secondes moins rapides que les meilleurs la saison passée, et nous pensons avoir fait un grand pas pour combler cet écart. » Blanches avec les bandes rouge et bleu de son partenaire Martini, les deux monoplaces à moteur Mercedes sont conduites par le Canadien Lance Stroll et le débutant russe Sergey Sirotkin. Deux jeunes épaulés par le vétéran Robert Kubica, qui effectue comme pilote d’essai son grand retour en F1 après son accident en rallye en 2011.

  • La RS18 de Renault

La RS18 de Renault est aux mains de Nico Hülkenberg et Carlos Sainz Jr pour sa troisième saison en tant qu’écurie de F1. / ALBERT GEA / REUTERS

Et de trois châssis pour Renault Sport Formula One depuis son retour en tant qu’écurie à part entière en F1, en 2016. Noire à liseré jaune, pour l’instant, la RS18 de l’écurie française dirigée par Cyril Abiteboul adopte une suspension retravaillée et un appui aérodynamique renforcé. Mais le constructeur français, également motoriste de McLaren et Red Bull, insiste surtout sur ce qu’il y a sous le capot, adapté au règlement technique 2018 : son V6 turbo 1,6 l, dont la fiabilité a été améliorée. Aux manettes dans les baquets pour s’en assurer, l’Allemand Nico Hülkenberg et l’Espagnol Carlos Sainz Jr.

  • La SF71H de Ferrari

La SF71H de profil, pilotée par l’Allemand Sébastien Vettel lors des essais sur le circuit de Montmelo (Espagne), le 27 février. / ALBERT GEA / REUTERS

Pas de grande révolution non plus chez Ferrari. Autant la SF70H, monoplace de la Scuderia 2017, était entourée de mystère l’an dernier à la même époque, autant la SF71H qui lui succède assume sa continuité, simple évolution de son aînée, jugée fiable et compétitive par les ingénieurs de Maranello. Au mieux concèdent-ils quelques évolutions aérodynamiques censées améliorer la vitesse sur circuits « lents ». Pourquoi en faire plus ? Sebastian Vettel a fini premier lors de la deuxième journée des essais le 27 février. Avant l’entrée en piste de son coéquipier, le Finlandais Kimi Räikkönen.

  • La RB14 de Red Bull (Renault)

Pilotée par Daniel Ricciardo, la RB14 de Red Bull, en tête le 26 février sur le circuit de Montmelo (Espagne). / ALBERT GEA / REUTERS

Red Bull a proposé les trois premières images de sa RB14 sur les réseaux sociaux dans une livrée temporaire noire et bleue, amenée à être enrichie par les couleurs du nouveau partenaire Aston Martin. L’écurie autrichienne a insisté sur les difficultés à intégrer le Halo, « un challenge », qui a nécessité « la construction d’un châssis suffisamment solide pour l’intégrer et réussir un test d’homologation brutal », Pas de changement en revanche à l’intérieur, avec le moteur Renault et les pilotes, le Néerlandais Max Verstappen et Daniel Ricciardo. Une constance récompensée par une première place de l’Australien le 26 février.

  • La MCL33 de McLaren (Renault)

Orange à aileron bleu ciel pour la McLaren à moteur Renault  en test aérodynamique entre les mains de Stoffel Vandoorne sur le circuit de Catalogne le 27 février. / ALBERT GEA / REUTERS

McLaren avait plus difficile que de s’adapter au Halo pour construire sa nouvelle MCL33. Ayant quitté son motoriste Honda, après trois saisons, pour Renault, les ingénieurs ont dû, en un temps record, intégrer le nouveau moteur à la place du six-cylindres nippon. Pas de problème notoire pour le coéquipier du champion espagnol, le Belge Stoffel Vandoorne, et le leader Fernando Alonso.

  • La C37 d’Alfa Romeo-Sauber (Ferrari)

Nouvelle alliance Alfa Romeo-Sauber et nouveau pilote, le Monégasque Charles Leclerc, sur la piste catalane le 27 février. / ALBERT GEA / REUTERS

Alfa Romeo-Sauber, dirigée par le Français Frédéric Vasseur, a également diffusé des images de sa C37 sur son site et sur les réseaux sociaux. Cette première-née de l’alliance entre l’écurie suisse et le constructeur automobile italien, filiale comme Ferrari du groupe Fiat, se traduit visiblement par les couleurs rouge et blanche de la voiture et, sous le capot, par le moteur Ferrari V6 hybride. Le dernier du championnat 2017 conserve son pilote leader suédois Marcus Ericsson et lui adjoint le « rookie » monégasque Charles Leclerc.

  • La W09 de Mercedes

Peu de changements visibles, hormi le Halo, pour la Mercedes de Valtteri Bottas, le 27 février sur le circuit de Catalogne. / ALBERT GEA / REUTERS

Champion en titre, pilote et constructeur, Mercedes n’avait aucune raison de se lancer dans de grands chamboulements techniques. Si ce n’est à cause de ce Halo… « Si vous me donniez une tronçonneuse, je l’enlèverais », a plaisanté Toto Wolff, le patron de l’écurie de Brackley. Les flèches d’argent conservent néanmoins leur couleur et leur châssis long. Le profil est lui modifié et le nez légèrement plus plongeant. Une inclinaison qui peut être adaptée au fil de la saison. Les pilotes semblent plus conciliants que leur patron. « L’aspect est un peu bizarre mais je m’y habitue », a commenté Valtteri Bottas, coéquipier du champion du monde en titre, Lewis Hamilton.

  • La STR13 de Toro Rosso (Honda)

Pierre Gasly (à gauche) et Brendon Hartley dévoilent la nouvelle STR13  de Toro Rosso le 26 février à Montmelo (Espagne). / JOSE JORDAN / AFP

Toro Rosso a attendu Barcelone pour présenter la STR13, première monoplace bleu dur à liseré rouge née de la collaboration avec le motoriste Honda. De son côté, le directeur de l’écurie, Franz Tost, a affiché une grande confiance et annoncé viser la quatrième place, derrière les intouchables Mercedes-Ferrari-Red Bull. Dans les baquets, l’équipe confirme son duo de pilotes recruté courant 2017 : le Français Pierre Gasly et le Néo-Zélandais Brendon Hartley.

  • La VJM11 de Force India (Mercedes)

Esteban Ocon et  Sergio Pérez découvrent la VJM11 de Force India (mais sans nom sur le capot) le 26 février sur le circuit de Catalogne. / ALBERT GEA / REUTERS

Force India a attendu le dernier moment pour laisser aux deux enfants terribles du circuit, le Français Esteban Ocon et le Mexicain Sergio Pérez, l’honneur de dévoiler la VJM11. Pas de problème technique en cause : autour du moteur Mercedes, la monoplace a été conçue à Silverstone. Mais un problème de nom. La rose monoplace devrait en effet « probablement » en changer d’ici au Grand Prix inaugural de Melbourne, en Australie fin mars, selon son directeur des opérations, Otmar Szafnauer. Rendez-vous est pris.