La ville de Gao en 2013, après l’intervention française visant à la libérer de l’occupation des combattants jihadistes liés à Al-Qaida. / PASCAL GUYOT / AFP

Coups de feu, foule en colère, commerces fermés… La ville de Gao a depuis le 28 février des « allures de ville morte », selon un habitant joint pour l’AFP. Située sur le fleuve Niger, la ville abrite des populations songhaï, sédentaires et vivant principalement de l’agriculture et de l’artisanat, et des commerçants arabes. Habituellement, les deux communautés cohabitent pacifiquement. Mais depuis le 28 février, elles s’accusent mutuellement d’être responsables de la mort d’un des leurs.

Appels à la vengeance, enlèvement, meurtres entre les deux communautés

Mercredi 21 février, deux jeunes commerçants arabes de Gao disparaissent alors qu’ils circulaient à moto. Le corps de l’un d’entre eux a été retrouvé quelques jours plus tard dans le fleuve Niger, à quelques kilomètres de la ville. Dans la communauté arabe, certains soupçonnent des membres de l’ethnie songhaï.

Sept jours plus tard, le corps d’un militaire songhaï de la garde nationale est retrouvé à Gao. Il a été assassiné. Depuis, « des jeunes sédentaires [songhaï] ont en mains des gourdins, a expliqué à l’AFP un responsable du gouvernorat local. Ils veulent venger la mort du militaire […], selon eux assassiné par un arabe ».

« Tous ceux qui ne respecteront pas désormais les autochtones de Gao n’auront plus leur place à Gao », a déclaré un jeune manifestant songhaï.

L’armée malienne et les casques bleus de l’ONU tentent pour l’instant de contenir la situation, pour éviter l’escalade de la violence.

Une ville déjà en proie aux problèmes sécuritaires

Grande ville du nord du Mali, Gao, à 1 200 km au nord-est de Bamako, avait été occupée en 2012 par des combattants jihadistes liés à Al-Qaida, chassés en janvier 2013 par une intervention militaire française.

Mais des zones entières du nord du Mali échappent au contrôle des forces maliennes, française et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la signature, le 20 juin 2015, d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.