Maquette de la tour Triangle. / JOEL SAGET/AFP

Nouveau rebondissement dans la bataille de la tour Triangle : une plainte pour « délit de favoritisme » a été déposée contre la mairie de Paris par deux associations, SOS Paris et ADHAPE (Association pour le développement et l’aménagement harmonieux du Parc des expositions et ses environs).

Selon les plaignants, la maire a accordé un bail à construction et un permis de construire « en l’absence de toute mise en concurrence », a expliqué leur avocat, MCofflard.

Marché public ou projet privé, la bataille au cœur du projet

Pour les plaignants, il s’agit d’un projet public : des équipements publics seront construits dans la tour. La Ville de Paris sera par ailleurs propriétaire de la tour au terme d’un bail de 80 ans.

« Il s’agit ainsi d’un marché public de travaux, et non un projet privé comme la mairie le soutient », affirme Me Cofflard, qui estime qu’il y a là violation des dispositions réglementaires en la matière.

D’autres recours sont encore à l’instruction.

Le premier a été déposé le 4 octobre 2017 par trois associations (SOS Paris, FNE-IDF, ADHAPE) devant le tribunal administratif pour demander l’annulation du permis de construire accordé le 28 avril 2017 par la mairie de Paris à la SCI tour Triangle. C’est cette SCI, contrôlée par le leader européen de l’immobilier commercial Unibail-Rodamco, qui doit porter le financement de la tour, estimé à 500 millions d’euros.

Le second a été déposé le 5 février par ces trois associations et dix élus écologistes du Conseil de Paris. Ils ont ainsi saisi le tribunal administratif de Paris d’une demande de résiliation judiciaire de la promesse de bail à construction.

Un projet pharaonique, très contesté depuis son lancement

Cet édifice de 180 mètres de haut doit être implanté porte de Versailles, dans le 15arrondissement. Le projet de 43 étages comporte un hôtel quatre étoiles de 120 chambres avec un « sky bar », 2 200 mètres carrés d’espace de « coworking » et un équipement culturel de 540 m2.

Le projet a été contesté dès son lancement, en septembre 2008, sous l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë. Les écologistes dénonçaient un projet « énergivore ». Retoquée une première fois en conseil municipal en 2014, avant son adoption en 2015, la tour Triangle est défendue par Anne Hidalgo à la fois comme « une œuvre d’art » et « un projet autour duquel se joue une part non négligeable de l’attractivité et du rayonnement de Paris et du Grand Paris ». Elle a été dessinée par l’agence d’architecture suisse Herzog & de Meuron, à qui l’on doit notamment le « Nid d’oiseau » (le stade olympique) de Pékin ou la Philharmonie de Hambourg, inaugurée en janvier avec sept ans de retard et un budget multiplié par dix pour atteindre 790 millions d’euros.

A moins que la procédure en cours n’« enraye la machine », comme l’espère Christine Nedelec, secrétaire générale de l’association SOS Paris, les travaux devraient débuter en 2020, année des prochaines élections municipales, pour une ouverture avant les Jeux olympiques de 2024.