Banques privées : retrouver l’esprit de conquête
Banques privées : retrouver l’esprit de conquête
LE MONDE ARGENT
Philippe Bruneau, président du Cercle des fiscalistes, alerte sur la nécessité pour les banques privées de se moderniser en étant encore davantage au service de ses clients.
Pour Philippe Bruneau, les banques privées auraient fort à gagner à se réapproprier les valeurs olympiques / KAI PFAFFENBACH / REUTERS
L’oeil de... Pyeongchang 2018 à peine clôturé, d’autres grands champions français sont menacés dans leur superbe et auraient fort à gagner à se réapproprier les valeurs olympiques pour ne pas faire mentir la devise des Jeux, « Citius, altius, fortius » : les banques privées. La crise de 2008 les a malmenées, en a fait les victimes du tsunami réglementaire, de taux historiquement bas, de l’immixtion du numérique, mais aussi d’une crise de légitimité. A rebours des solutions adoptées pour recouvrer leur rentabilité (exclusivité et communication désuète), elles doivent retrouver l’esprit de conquête autour de deux piliers : le client et le numérique.
L’offre nouvelle de la banque privée doit s’articuler autour d’une connaissance approfondie du client permettant une approche sur mesure. Finies les segmentations éculées, il faut désormais le servir au plus près de ses attentes : moyens de paiement raisonnablement tarifés, réanimation de l’offre de crédits, gestion financière repensée… Mais aussi de nouveaux services collaboratifs et modulaires dont les family offices pourraient servir d’inspiration (conciergerie, interfaces de réservation, gestion des actifs récréatifs, art, immobilier…) grâce à la multiplication de partenariats au sein de l’écosystème numérique en place.
Optimiser grâce au numérique
A l’aide du numérique, l’offre client doit s’appuyer sur une dorsale technique souple et légère, révolutionner la connaissance client à travers les agrégateurs, revivifier la gestion par les robo-advisors, libérer de la contrainte réglementaire grâce aux workflows digitalisés… Les outils existent pour décharger les équipes en place des tâches sans valeur ajoutée. Et ne parlons pas des services additionnels de l’écosystème, de la baisse des coûts de structure ou de la dynamisation des sources de revenus. Le numérique n’a pas vocation à se substituer à l’humain. Mais entre les mains du banquier privé, il lui permet d’optimiser son conseil pour mieux légitimer sa présence auprès du client. Les banques privées pourraient ainsi s’inspirer des valeurs de l’olympisme.
L’excellence tout d’abord, grâce à l’extraordinaire qualité des Fintech françaises. L’esprit d’équipe ensuite, à travers le biotope digital, formidable outil de coopération et non simple agrégat de jeunes prestataires de services exotiques, taillables et corvéables à merci. Le respect enfin, car les banques privées ont tout à gagner à intégrer l’écosystème Fintech dans une optique partenariale. Ainsi, elles réaliseront cette mue indispensable à leur survie : se vouer entièrement au service du client, avec modestie et humilité, en lui fournissant un ensemble de services payants ou optionnels mis à disposition de chacun selon ses moyens. Sans cela, gare à la chute de l’Olympe, et n’oublions jamais que « chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès » (Pierre de Coubertin).