L’immigration, un facteur important de la démographie à Mayotte
L’immigration, un facteur important de la démographie à Mayotte
Par Jean-Gabriel Fernandez
Dénoncée par Laurent Wauquiez, l’immigration à Mayotte est un problème majeur de l’île. La majorité des Mahorais sont étrangers ou enfants d’étrangers, et l’immigration clandestine y est très importante.
Le Monde
Alors que l’île de Mayotte connaît sa troisième semaine de grève générale contre l’insécurité et pour l’amélioration des conditions de vie, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, s’est insurgé, mardi 6 mars, contre la situation du 101e département français, déplorant notamment le niveau d’immigration qu’il enregistre. « Mayotte est submergée par une immigration illégale qui n’est pas gérée », a-t-il affirmé lors d’un déplacement sur l’île :
« On ne peut plus continuer à accueillir à Mayotte autant de personnes qui viennent de l’ensemble des Comores et de toutes les îles qui sont autour. »
Qu’en est-il exactement ?
13 000 à 21 000 migrants éloignés de Mayotte chaque année
Mayotte connaît un afflux de migrants, particulièrement venant de l’archipel des Comores, dont les îles Anjouan, Mohéli et Grande Comore sont à proximité. Radars, patrouilles aériennes et maritimes et centres de rétention ont été installés à Mayotte par la métropole pour tenter d’endiguer l’immigration clandestine sur l’île.
Près de 20 000 migrants en ont été refoulés en 2014. C’est l’équivalent de près de 10 % de la population totale de l’île, qui s’élève aujourd’hui à 256 500 individus. Ce sont entre 13 000 et 21 000 migrants, majoritairement comoriens, qui ont été éloignés du territoire mahorais chaque année depuis 2006.
L’Insee estime que de nombreux migrants ne sont pourtant pas comptabilisés. Sur une année moyenne, il y a plus d’éloignements à Mayotte que dans tous les autres départements d’outre-mer réunis.
La moitié des migrants à Mayotte sont en situation irrégulière, en particulier les Comoriens, dont 51 % à 53 % résident sur l’île sans titre de séjour, selon une étude de l’Insee. Le taux d’irrégularité administrative diminue fortement avec l’âge, passant de 74 % chez les moins de 25 ans à 30 % pour les 45 ans et plus.
On estime que 70 % des bébés nés dans la maternité de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, naissent de migrantes en situation irrégulière. Celles-ci donnent naissance à Mayotte dans l’espoir que leur enfant devienne français. Si un enfant né de parents étrangers est né en France et vit plus de cinq ans sur le territoire, il obtient en effet la citoyenneté française à ses 18 ans.
Plus de la moitié de la population directement issue de l’immigration
Mayotte est le département français où la part d’étrangers dans la population est la plus importante. Seuls 45,1 % des Mahorais sont nés à Mayotte. Environ 30 % des personnes résidant à Mayotte sont nées à Anjouan, île comorienne la plus proche, et 12,4 % sont nées dans les autres îles des Comores.
Parmi les natifs de Mayotte, 21 % sont nés d’une mère ayant immigré, selon l’Insee. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes, 48,3 % des Mahorais entre 18 et 24 ans étant nés d’une mère étrangère. Au moins 58,5 % des Mahorais sont donc immigrés de première ou de seconde génération, et 52,6 % sont d’origine comorienne.
L’immigration de jeunes et de femmes enceintes à Mayotte contribue à la jeunesse de la population. L’âge médian sur l’île est de 18 ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes (« médian » signifie qu’il y a autant de personnes de moins de 18 et 16 ans que de personnes plus âgées). Autre illustration de la proportion importante de jeunes : 46 % de la population a moins de 14 ans, et 30 %, moins de 10 ans. Cela fait de Mayotte le département le plus jeune de France, peuplé en grande partie de mineurs étrangers, nés à Mayotte, qui pourront accéder à la nationalité française à leur majorité.
Depuis le début des années 2000, le solde migratoire de Mayotte est pourtant négatif en raison d’un grand nombre de départs de jeunes Mahorais, principalement pour la France métropolitaine. Entre 2007 et 2012, on estime à 18 000 le nombre total de départs. En 2012, 26 % des Mahorais résidaient hors de Mayotte, et 56,7 % avaient vécu en France métropolitaine ou à La Réunion pendant une partie de leur vie. Seuls 15 % des natifs de Mayotte résident de façon permanente sur l’île.