Combattre le sexisme dans le milieu de l’art
Combattre le sexisme dans le milieu de l’art
Par Aude de Bourbon Parme
Majoritaires dans les écoles, les femmes artistes se font ensuite plus rares, souvent victimes de pressions sexistes qui les dissuadent de se lancer.
A l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne (Esadse). / Esadse
« Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Met Museum ? » Depuis les années 1980, les artistes américaines Guerrilla Girls dénoncent les inégalités entre hommes et femmes dans le monde de l’art. La France n’est pas en reste. Seulement 16 % des œuvres acquises par le Fonds national d’art contemporain en 2013 ont été créées par des femmes.
Celles-ci sont pourtant majoritaires dans les écoles d’art et elles représentent 64 % des étudiants en culture en 2014-2015, selon le ministère de la culture qui a organisé en mars 2017 un séminaire autour de la place des femmes dans les métiers de la culture. Pourtant, dès la fin des études, cette proportion diminue.
« Les mentalités évoluent »
« Certaines abandonnent parce qu’elles sont enceintes, d’autres se réorientent, témoigne Vincent Villard, actuel directeur de la prépa artistique parisienne l’Atelier de Sèvres. Le milieu artistique est assez sexiste. Cela décourage des femmes de se lancer dans une carrière artistique. » L’Atelier de Sèvres est révélateur de la situation française. En 2018, 255 de ses 344 étudiants sont des filles.
« Mais les mentalités évoluent, affirme Vincent Villard. Il y a dix ans, nous avions des classes avec deux garçons. Ils sont maintenant plus nombreux, dans tous les domaines de création. Et côté animation, alors que les filles n’étaient pas du tout présentes il y a quelques années, elles sont maintenant aussi nombreuses que les garçons. »
Pour Françoise Vouillot, présidente de la commission « lutte contre les stéréotypes sexistes et la répartition des rôles sociaux » du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE F/H), les écoles doivent mettre à bas les stéréotypes imposés depuis la petite enfance. Inviter des modèles de réussite féminine et avoir une équipe d’enseignants paritaire permet aux filles d’avoir des modèles auxquels se référer.
Certaines artistes avouent, sous le couvert de l’anonymat, avoir été dissuadées de faire des enfants, la vie de mère étant prétendument incompatible avec celle de femme artiste. Et les étudiantes doivent souvent s’accrocher pour résister aux pressions ou aux orientations vers des carrières dites « féminines ».
Si, à l’Atelier de Sèvres, le corps enseignant est composé à 50 % de femmes, contre 34 % dans les écoles supérieures de la création artistique, son directeur admet inviter plus d’intervenants masculins que féminins. « Je ne fonctionne pas selon un critère de genre. C’est peut-être une erreur », concède-t-il. Il faudrait aussi que les jurys aux concours soient paritaires…
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