Sans-abri : l’inquiétude des associations sur le maintien d’hébergements d’urgence
Sans-abri : l’inquiétude des associations sur le maintien d’hébergements d’urgence
Par Hugo Guyon
Les sans-domicile-fixe relogés en urgence grâce au plan hivernal risquent de se retrouver à la rue à la fin du mois si aucune disposition n’est prise, alerte un collectif d’associations.
« C’est un compte à rebours infernal qui nous est actuellement imposé. » Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), déplore le flou qui entoure la situation des sans-abri en centre d’hébergement d’urgence, alors que le plan hivernal, ouvert en novembre, arrive à son terme le 31 mars.
La FAS, ainsi que les trente-trois autres associations du Collectif des associations unies, se sont élevées, mercredi 7 mars, contre le mal-logement, dénonçant ce qui pourrait devenir « une crise humanitaire majeure ».
A trois semaines de l’échéance, le gouvernement n’a toujours pas fait d’annonce sur l’éventuel maintien des 20 000 places ouvertes dans le cadre du plan hivernal et du plan « Grand Froid », étape supérieure déclenchée lorsque les températures descendent en dessous de − 5 °C. Cinq mille personnes seraient concernées par le dispositif « Grand Froid », localisées principalement dans les grandes villes, comme Paris, Lyon, Lille et Marseille.
Les sans-abri relogés en urgence risquent de se retrouver à la rue si aucune disposition n’est prise, les autres centres d’hébergements étant saturés. « Nous réclamons au minimum la pérennisation de 5 000 places, comme cela a été fait l’année dernière sous le précédent gouvernement », a expliqué Florent Gueguen.
Plusieurs centres d’urgence ont déjà commencé à fermer, d’autres vont y être contraints dans les semaines à venir. « On a des salles qui ferment dès lundi prochain, sur des dispositifs d’urgence pour les hommes, les fermetures sont échelonnées sur tout le mois », détaille Nicolas Hue, chargé de mission pour l’association Aurore, qui gère plusieurs centres d’hébergements d’urgence.
Angoisse dans le centre de l’Hôtel-Dieu
A Paris, toutes les chambres de la halte de nuit de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, ouverte le 5 janvier, sont occupées. Et les 19 femmes qui vivent dans des conditions précaires dans ce centre de fortune, qui devrait fermer à la fin du mois, envisagent le futur avec inquiétude.
« J’ai des démarches qui sont en cours pour aller dans un autre centre, mais je ne sais pas du tout comment ça va évoluer », explique Mathanteyou, désemparée. Sans-abri, elle est arrivée dans le centre à la mi-février, une anomalie dans ce foyer censé être un hébergement transitoire de quelques nuits avant une redirection de ses pensionnaires vers des centres moins précaires.
« Malheureusement, un certain nombre de personnes qu’on accueille dans ces hébergements provisoires sont dans ce cas, on est dans un système qui “s’est embolisé” », explique Nicolas Hue. Pour le membre d’Aurore, s’il est essentiel de mettre en place des hébergements d’urgence, l’Etat doit traiter la solution plus en amont.
« Il faut mener une politique plus ambitieuse de construction de logements sociaux, en commençant par forcer les collectivités à tenir leurs engagements », affirme-t-il. Un engagement qu’a pris Emmanuel Macron en septembre 2017 avec le plan quinquennal « Logement d’abord », qui prévoit la construction de 160 000 logements sociaux d’ici à 2022.