TV- « Sous influence » : passion ardente et retour de flamme
TV- « Sous influence » : passion ardente et retour de flamme
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Dans ce thriller d’Amanda Coe, une quinquagénaire se donne à un inconnu, avant d’être victime d’un chantage (sur Arte à 20 h 55).
SOUS INFLUENCE Bande Annonce (2018) Emily Watson, Série TV Arte
Durée : 01:49
La docteure Yvonne Carmichael, 52 ans, sur le point d’être grand-mère, sexy mais un peu lasse, est une chercheuse en génétique londonienne réputée. A ce titre, elle est régulièrement consultée par le Parlement britannique, soucieux de l’encadrement éthique de la recherche scientifique.
Alors qu’elle sort de l’une de ces commissions, elle fait la rencontre d’un homme, présent dans l’assistance, qui, après quelques échanges aimables, lui propose de lui faire visiter la crypte au sous-sol du bâtiment. Les voici bientôt dans une pièce à l’abri des regards.
L’attirance est immédiate, et l’acte sexuel aussitôt consommé – dans une frénésie telle qu’il lui donne l’impression d’« être mangée par un loup », dira plus tard Yvonne. Cette pénétration par effraction consentie dans une existence un peu trop rangée, auprès d’un époux parfait mais qui la trompe, secoue-t-elle des rouages qui patinaient un peu ?
Chamboulée par cette rencontre à la teneur sexuelle régénératrice, Yvonne retrouve régulièrement Mark, lui-même marié et père. Celui-ci n’a de cesse de lui faire des promesses lubriques. Yvonne, qui accorde à Mark son consentement inquiet mais frémissant, apprécie peu à peu les jeux érotiques que lui impose son amant.
En plus d’un goût du secret qui confine à la paranoïa, Mark cultive celui des lieux publics – dont l’allée Apple Tree Yard, qui donne son titre original à la minisérie –, où il aime pratiquer des accouplements à la verticale. Il est aussi adepte du retrait de sous-vêtements féminins dans les cafés et restaurants où le couple se retrouve, afin de faciliter les explorations digitales sous la table.
Course à l’abîme mortifère
A l’occasion d’une fête organisée par l’institut de recherche où elle travaille, Yvonne est sauvagement violée par l’un de ses collègues, qui lui fait subir un chantage à propos de la relation extraconjugale qu’elle entretient et dont il a deviné l’existence. Elle ne porte pas plainte, par peur d’être mal reçue et mal comprise par la police, et par crainte que sa vie privée soit déballée sur la place publique.
Emily Watson (Yvonne Carmichael) / Nick Briggs / © BBC/Kudos/Nick Briggs
La suite est une course à l’abîme passionnelle et mortifère dans une Londres « grisailleuse » où s’intriquent vie personnelle marquée par la crise de la cinquantaine, rebondissements du type « thriller », meurtre et une enquête qui mène, au bout de quatre épisodes d’une heure (donnés en une seule soirée), à un procès qui occupe le dernier tiers du troisième et l’intégralité du dernier.
On pourra trouver les séquences érotiques un peu trop attendues (qu’on n’espère pas qu’elles ajoutent de nouvelles nuances à une palette de gris déjà bien connue). On pourra regretter surtout que Sous influence, diffusée il y a un an par la BBC, donne parfois l’impression d’être un film passablement étiré pour le faire entrer dans le format d’une minisérie.
Mais on aurait mauvais jeu à dire qu’on s’y ennuie, d’autant que le dernier tiers du propos tient habilement le téléspectateur en haleine. Les deux personnages principaux, incarnés par Emily Watson (Le Mari de la ministre, Breaking the Waves) et Ben Chaplin (qui n’est pas un descendant du grand Charlie), sont remarquables et servent un propos qui tombe à pic en plein débat sur les violences faites aux femmes.
Sous influence, créée par Amanda Coe. Avec Emily Watson, Ben Chaplin, Mark Bonnar (GB, 2016, 4 × 58 min).