L’essentiel

  • Donald Trump a imposé, jeudi 8 mars, des taxes de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur celles d’aluminium. Elles entreront en vigueur dans 15 jours.
  • Le Canada, premier fournisseur d’acier et d’aluminium des Etats-Unis, en sera exempté « pour le moment », de même que le Mexique.
  • Ce dispositif de droits de douane, qui prévoit une « flexibilité » et de possibles négociations avec les pays tiers, est largement dénoncé par les pays occidentaux.

Le contexte

Donald Trump l’avait promis durant la campagne présidentielle : il prendrait, s’il était élu, des mesures afin de rompre avec des pratiques commerciales qu’il juge déloyales et protéger l’emploi aux Etats-Unis. C’est ainsi que jeudi, treize mois après son arrivée au pouvoir, il a justifié la signature de deux documents qui marquent un virage protectionniste. Il a répété à cette occasion que les Etats-Unis avaient, selon lui, pendant des décennies été victimes d’une « agression ».

La citation

« Nous devons protéger notre pays et nos travailleurs. Notre industrie sidérurgique est en mauvaise posture. SI VOUS N’AVEZ PAS D’ACIER, VOUS N’AVEZ PLUS DE PAYS ».

Dans un message publié sur Facebook, Donald Trump a dit que son objectif était de protéger l’emploi aux Etats-Unis. Pour mettre en place ces droits de douane, il s’est appuyé sur une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine : l’article 232, qui repose sur des arguments liés à la défense nationale.

35,6 millions de tonnes

C’est le volume des importations d’acier par les Etats-Unis en 2017, selon le groupe Wood Mackenzie. Ce qui équivaut à environ 36 % de leur propre production. En valeur, ces importations représentent 33,6 milliards de dollars (27,4 milliards d’euros).

La riposte des partenaires des Etats-Unis

La décision de M. Trump a été dénoncée, vendredi, par de nombreux pays qui y voient une attaque contre le libre-échange et un risque de conflit commercial international.

Le Brésil, deuxième fournisseur d’acier des Etats-Unis, a fait savoir, dès jeudi soir, qu’il allait « prendre toutes les mesures nécessaires » pour « protéger ses intérêts ». « Nous allons tenter d’exclure le Brésil de ces mesures », a déclaré le ministre du commerce, Marcos Jorge, après une rencontre avec son homologue américain Wilbur Ross.

Angela Merkel a prôné le « dialogue » pour que l’UE soit également « exemptée » de ces taxes

En Allemagne, plusieurs responsables ont critiqué « le protectionnisme » américain, un « affront » envers des alliés et des mesures « illégales ». La chancelière Angela Merkel a assuré que « personne ne gagnera » à un conflit commercial international, alors que M. Trump estime lui que de telles guerres sont « bonnes et faciles à gagner ». Elle a prôné le « dialogue » pour que l’Union européenne (UE) soit également « exemptée » de ces taxes.

Le dialogue, c’est aussi ce que la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, a présenté comme « la première option ». Dans le même temps, l’UE a fait savoir qu’elle irait si nécessaire devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour amener les Etats-Unis à revenir sur leur décision.

L’UE a d’ores et déjà établi une liste de produits américains qui pourraient être taxés pour compenser en valeur le dommage causé à l’industrie européenne.

Aux Etats-unis, la décision de M. Trump est accueillie avec hostilité par une partie du camp républicain. En désaccord, son principal conseiller économique, Gary Cohn, a démissionné mardi. Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a marqué sa désapprobation, tandis que le sénateur Jeff Flake a annoncé le prochain dépôt d’une proposition de loi visant à annuler ces taxes.