Fooball : les supporteurs lillois assument l’envahissement du terrain, pas les violences
Fooball : les supporteurs lillois assument l’envahissement du terrain, pas les violences
Par Clément Martel
Des joueurs lillois ont été la cible de coups de la part de certains de leurs supporteurs samedi, à la fin du match Lille-Montpellier en Ligue 1.
Des supporteurs lillois sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy, après la rencontre Lille-Montpellier. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Leur action était préparée. Si le résultat de la rencontre Lille-Montpellier ne tournait pas en faveur de leurs protégés, certains supporteurs nordistes avaient prévu de braver la sécurité du stade Pierre-Mauroy, se rendre sur la pelouse et d’expliquer « aux joueurs qu’ils doivent avoir un autre comportement pour que le club s’en sorte ». Ce qui était moins prévu, c’est les débordements provoqués par cet envahissement de terrain, samedi 10 mars.
A peine Sébastien Moreira, l’arbitre de la rencontre, avait-il porté à la bouche son sifflet que, quittant les tribunes, plusieurs dizaines de supporteurs du groupe Dogues virage Est (DVE) ont envahi la pelouse. Fin décembre, lors de la réception de Nice, les DVE avaient déjà tenté de le faire. Mais la sécurité du stade les avait retenus. Pas samedi, où elle a été prise de vitesse. Et une frange des supporteurs s’en est pris physiquement à ses joueurs. Sur les images du diffuseur BeIn Sports, on voit les Lillois Nicolas Pépé, Thiago Maia et Thiago Mendes être la cible de coups de pied et de poings, alors que la sécurité du stade tente de les évacuer.
« Certains joueurs ont été poussés, bousculés, heureusement il n’y a pas eu de drame », a déclaré dimanche le capitaine lillois Ibrahim Amadou, redoutant déjà la réaction de ses fans « la prochaine fois ». Comme l’ensemble du club – du directeur général Marc Ingla au président Gerard Lopez –, le joueur s’est félicité de l’action des agents de sécurité. Des propos destinés avant tout à la Ligue de football professionnel (LFP), qui a « fermement condamné les débordements » dimanche dans un communiqué. Et dont la commission de discipline s’emparera du dossier dès jeudi, en disposant du pouvoir de suspendre préventivement la tribune ou le stade au cours de l’instruction.
Un club dans une situation critique
Si cette saison, la France détient le « record » d’Europe du nombre d’envahissements de terrain (cinq entre la Ligue 1 et la Ligue 2), que des joueurs soient physiquement pris à partie par leurs propres fans reste inédit. Et le club lillois, englué dans les tréfonds du championnat aux antipodes de ses objectifs de début de saison, risque gros.
Le temps où son président, Gérard Lopez, affichait fièrement ses ambitions après avoir repris le club semble loin. Samedi, c’est vers l’homme d’affaire hispano-luxembourgeois que les slogans les plus menaçants retentissaient : « si on descend [en Ligue 2], on vous descend ».
« Nous assumons l’envahissement de terrain mais ne cautionnons pas les très rares violences isolées [de samedi] », ont déclaré les DVE dimanche dans un communiqué, accusant « certains médias » d’avoir « largement exagéré » ces actions. Et ces fans – dont l’action est remise en cause par une large partie des supporteurs lillois – de justifier leur mouvement d’humeur par le « flou financier entourant le club » et « l’investissement personnel irrégulier ou inexistant de joueurs mercenaires ».
Très ambitieux après avoir été racheté l’an passé par Gerard Lopez, le club lillois est loin de rencontrer sur le terrain le succès auquel il aspirait. Après l’échec de la greffe Marcelo Bielsa – remercié en novembre en raison de résultats insuffisants – le club a été rétrogradé en seconde division à titre provisoire et interdit de recrutement à l’hiver. En cause, le manque de garanties financières apportées par l’homme fort du LOSC, et le montage opaque de la chaîne de propriété du club (passant par le Luxembourg, les îles Vierges et Hongkong).
Sur le terrain, Lille a réalisé une nouvelle contre-performance samedi face à Montpellier, concédant un match nul (1-1) laissant les « Dogues » à la 19e et avant-dernière place du classement à neuf journées de la fin du championnat. De quoi justifier la déception des supporteurs. Mais pas leur « méthode inacceptable qui conduira directement au chaos », selon les mots de l’ancien président du club Michel Seydoux.